Un film qui donne envie de se brosser les dents
Stanley Kubrick signe avec cette réalisation l'une des plus belles références du film de Science Fiction de tous les temps, associant aventure autour de la course à l'espace, à l'heure où Apollo 11 devait poser pied sur la Lune pour éclipser la mission Vostok de Gagarine ; à un versant hypothétique de l'évolution de l'homme sur sa planète.
Un film d'anticipation, une intrigue circonstanciée d'abord portant ensuite une réflexion existencielle, de quoi éveiller le plus grand intérêt du spectateur, déjà sollicité par le côté onirique du titre - 2001 : l'Odyssée de l'espace -.
En revanche ce que ce titre ne dit pas, c'est la nature contemplative poussive de l'oeuvre souhaitée par Kubrick qu'il plante dès les premières séquences. L'accomplissement photographique est sans doute ce qui marque le premier chapitre "l'Aube de l'Humanité".
Outre le travail de paléontologie sur ces singes, rendus on ne peut plus véritables, l'équipe technique réalise des décors incroyables, vastes et détaillés, des plans larges tous plus beaux les uns que les autres où les jeux de lumières renvoient un rendu extrème, magnifique et ultra réaliste.
La scène la plus remarquable est sans doute celle où le singe lance en l'air son os, image symbolique du premier outil de l'humanité, qui retombe pour se changer en vaisseau spatial, faisant liaison avec le thème principal du film.
Cette jonction brutale de scènes entre les extrèmes de l'évolution, simple et sans aucun effet de transition, marque dans un même mouvement le progrès du singe vers l'homme contemporain, de l'état primitif à la conquête de l'espace. Le titre prend alors tout son sens et le film ouvre sur l'immensité de l'espace et la question de notre place dans l'immensité de l'univers.
Bien que certains vaisseaux aient l'air de tubes de dentifrice, il convient de souligner leur plastique imposante. L'espace est magnifiquement représenté avec notamment ce silence anxiogène propre au vide interstellaire qu'aucun autre réalisateur après Kubrick ne reprendra.
Grâce à une mise en scène millimétrée et à une très belle présentation de la problématique de la mission, l'immersion dans l'histoire est totale.
L'orinateur central HAL9000 qui commande les principales fonctionnalités de l'astronef, au centre de l'intrigue, au départ seulement inquiétant, dévoile patiemment les virements de situation et les perturbations que connaîtra l'expédition. Déjà on voit poindre la dualité entre l'intelligence artificielle et l'homme, maintes et maintes fois reprise par la suite dans des films tels - Terminator - ou - Matrix -.
- 2001 : L'Odyssée de l'espace - est un film de génie, réussi en tous points, qui ne peut que gagner en admiration au fil des visionnages.
Un film qui convaincra n'importe qui des talents avant-gardistes de son réalisateur, de ses compétences et de son sens du détail. Un film qui garde aussi jalousement son mystère quant à l'extraterrestre, toujours suggéré, jamais montré.
Un film sublime capable de réveiller le fanatisme du spectateur.