Plus qu’un film, une expérience de cinéma. Avec des tunnels invraisemblables, comme cet écran noir pendant 3 minutes en début et au 3/4 du film, ce passage de 10 minutes d’images psychédéliques (qui correspond à l’entrée dans le monolithe), ces 25 premières minutes sans dialogues, ces passages de musiques classiques semblant rythmé du vide, ce passage raccord brut d’un os lancé en l’air.
Mais chercher à expliquer le film, c’est vouloir déterminer le sexe des anges.
Pourtant, certaines idées pointent çà et là, comme des pistes.
Un des thèmes centraux, si ce n’est le plus important, est l’évolution. Ce monolithe est une matrice de passage d’enseignement, d’éducation. Les primates du début ne découvre l’utilisation de l’outil que lorsque le monolithe leur apparaît. Les hommes ne découvrent la vie ailleurs dans l’univers que lors de la rencontre avec le spécimen enfoui sous la surface de la lune. Et Bowman à la fin se voit confié les secrets de l’univers.
Mais tout ne va pas sans accroc. Lorsque le monolithe donne l’outil aux primates, il leur donne aussi l’arme pour tuer (principal problème de la dialectique au cœur également du film PREMIER CONTACT de Denis Villeneuve, avec ce dilemme autour du même mot). Dès qu’il est en passe de créer, le primate tue.
Idem pour Bowman qui pour pouvoir entrer en contact avec cette forme d’intelligence doit tuer (symboliquement, il débranche Hal, l’ordinateur de bord). Il tue, mais au final n’est pas gagnant.
Cette communication est un des thèmes importants du film. Tous les dialogues sont quasi inutiles. Le plus important du passage dans le vaisseau est un passage muet car lu sur les lèvres par Hal .
On a un film de silence et d’images plutôt que de paroles. La majorité de celles-ci sont d’ailleurs prononcées par Hal. Kubrick préfère montrer plutôt que démontrer.
Et puis, qui est ce monolithe ? Entité extra-terrestre ? Oui, sûrement, car c’est même annoncé dans le film. Être omniscient en tout cas. Dieu ? Pourquoi pas ? Il a pouvoir de créer, détruire, reconstruire.
Et Hal en est-il l’esclave ? Car le personnage principal du film c’est bien cet ordinateur. Il a pouvoir sur tout dans le vaisseau, il a vu sur tout, il sait tout, commande tout. Il est plus humain que les spationautes à son bord (qui ont des attitudes très lisses (voulues par Kubrick)). Il est capable de tuer.
Ce film parle après tout ni plus ni moins que de la vie (forme spectaculairement phalliques du vaisseau spatial, image subliminales ou non de spermatozoïdes dans les medley psychédélique…). Le singe tue pour vivre (paradoxe), Dave tue pour mourir et revivre sous forme de fœtus (paradoxe aussi). La machine coupe le cordon de Poole et le laisse partir vers l’infini (il plonge dans l’espace), il le laisse partir vers la vie, donc la mort.
Comme souvent chez Kubrick, tout est filmé très cliniquement, ce qui crée des sensations de malaise dans des scènes anodines.Des scènes de dialogue jouées avec beaucoup de froideur, des cadrages légèrement décalés, tout est millimétré.
Car oui, c’est un très beau film. Les effets spéciaux sont juste éblouissants, et on est bluffé par la vision qu’il a pu tirer du monde d’aujourd’hui (les visio conférences, internet, la domotique appliquée, les tablettes…).
Au final, ce chef-d’œuvre en dit plus par ce qu’il tait ou garde éludé que parce qu’on en voit. Au final, a-t-il seulement une fin ? Et Dieu dans tout ça ?

lolodu87
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le 7 juil. 2020

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