Compliqué d’écrire la critique d’un film si particulier sans pondre un pavé, mais je vais tout de même essayer…
Réalisé par Stanley Kubrick, l’un des plus grands réalisateurs du siècle dernier, le film est sorti en 1968, et il est important de le replacer dans ce contexte pour apprécier la splendeur de ses effets spéciaux. Abordant les thèmes de l’évolution humaine, et d’une hypothétique vie extraterrestre, le film se déroule en quatre actes distincts, liés par un élément commun, l’apparition d’un monolithe mystérieux.
Pour faire court, le spectateur découvre l’influence et le rôle que joue cette découverte, sans doute extraterrestre, sur les humains, tout au long de leur évolution. Ainsi l’œuvre suggère que le progrès de l’homme viendrait d’une entité extérieure. Si le film est relativement abordable et compréhensible dans ses trois premières parties, la fin, elle, part complètement en free-style, avec la description visuelle d’étranges phénomènes cosmiques et des questionnements purement métaphysiques, plongeant le film dans une dimension expérimental des plus inattendues.
En ce qui concerne mes impressions, je me souviens de m’être beaucoup interrogé sur l’intention du film, que j’ai eu beaucoup de mal à comprendre dans la première partie du scénario. Il faut dire que je ne connaissais absolument rien de ce film, excepté quelques images aperçues ici et là et, bien entendu, la séquence des australopithèques découvrant le monolithe (je crois que personne n’aura pu y échapper). Au départ, je me suis demandé si l'oeuvre n'aurait pas mieux fait de s'intituler « L’Odyssée de l’espèce », car je ne voyais pas bien le rapport avec les australopithèques et l’espace. Aussi, au bout de 20 minutes je me suis mis à redouter que tout le film se concentre sur ces australopithèques un peu barbants. J’ai d’abord cru à une reconstitution de l’histoire de l’humanité, jusqu’à l’arrivée du monolithe qui propulse le film dans le genre de la science-fiction aussi sec. Et en même temps, je me disais que cette hypothèse sur l’évolution de l’homme n’était pas si improbable, je dirais même qu’elle me convainc pas mal.
L’histoire nous emmène ensuite dans l’espace, avec un bond technologique surprenant. Un scientifique américain enquête sur une extraordinaire découverte, l’apparition du monolithe sur la lune. C’est l’occasion pour l’œuvre de nous faire une démonstration technique avec des effets spéciaux remarquables.
Dans le troisième segment, un équipage d’astronautes part en mission pour Vénus, épauler par une intelligence artificielle capricieuse. Le film devient plus épique, avec (un peu) plus d’action, et surtout une bonne dose d’intensité et de suspens.
Dans le dernier passage, un membre de l’équipage s’apprête à gouter aux mystères de l’univers. Une séquence à la limite du psychédélisme, où le spectateur devient libre de composer avec ses propres suppositions.
Ce film ne peut pas nous laisser indifférents. En ce qui me concerne, j’ai apprécié l’intention, l’idée de base, et surtout la qualité et la beauté des images, des effets spéciaux, et la profondeur du scénario, qui s’attaque aux fondements de ce que nous sommes, en prétextant que le secret de l’évolution de l’humanité serait peut-être d’origine extraterrestre, une hypothèse que j’affectionne particulièrement et qui m’a vraiment intéressé comme elle est décrite ici.
Les événements sont particulièrement bien tournés, les situations sont bien décrites, le film ne s’éparpille jamais, il tient sa barre dans la bonne direction, même si au départ on ne comprend pas bien le rapport entre tout ce que l’on voit à l’écran.
Malheureusement, le film a aussi quelques points noirs. Le plus gros défaut selon moi, c’est son rythme, d’une lenteur exagérée, et ses longues et interminables séquences contemplatives, qui sont là juste pour faire jolie et pour que le public se dise « Wouaou ! c’est joli ». Mais une fois cela dit, eh bien on s’ennuie... Moi, je ne suis pas particulièrement friand des films contemplatifs, j’aime quand ça bouge, et l’œuvre manque d’action. Au final, il ne s’y passe pas grand-chose, et pour un film souvent qualifié d’épique, bhein je trouve qu’il ne l’est pas tant que cela.
Heureusement, l’ambiance est là pour nous clouer sur notre fauteuil. Il faut dire que la musique rattrape le coup. J’ai été envouté par la bande originale sublime, qui créait une intensité spéculative étonnante. La musique qui accompagne le monolithe est remarquable, et franchement elle me foutait les boules pour être honnête. Je ne pensais jamais ressentir une telle crainte en visionnant un carré noir, mais la musique fait tout le boulot, et nous plonge dans une peur irrationnelle que j’aurais du mal à expliquer.
En conclusion, ce film est une expérience étonnante. C’est un film de science-fiction qui se range en haut du panier, grâce à un fond qui interroge, et une forme des plus soignée. Pour autant, la fin m’a laissé perplexe, même si, en substance, elle se révèle plutôt logique et efficace compte tenu de tous les événements qui se déroulent avant. Peut-être que le spectacle aurait été moins surprenant s’il aboutissait à une forme plus conventionnelle, ayant un sens et une lecture unique.
J’ai passé un excellent moment, mais je n’ai pas eu de coup de cœur. Je ne pourrais pas mettre la note maximale à cette œuvre hors du commun, mais je comprends les raisons qui ont fait de lui l’un des films les plus incontournables de l’histoire du cinéma.