Qu’on le considère comme un chef d’œuvre ou que l’on se soit endormis devant, une chose est sûre : ce film ne vous laissera pas indifférent. Esthétiquement irréprochable, philosophiquement casse-tête et très long (pour certains trop long), l’odyssée kubrickienne est un voyage qui, loin de plaire à tout le monde, a le mérite de ses ambitions, et nous offre un moment rare et onirique. Kubrick nous propose aussi bien un retour aux sources, avec une scène dans le désert africain aux origines de l’humanité, qu’une avancée dans le temps, avec le vaisseau spatial Discovery, allant vers Jupiter. Ainsi, le passé se mêle au futur, le commencement à la fin, et le tribal à la technologie, le tout relié par un mystérieux monolithe noir. Le film s’interroge sur la puissance et l’avenir de la technologie, ainsi HAL 9000, robot doué de parole et d’intelligence, présente le visage effrayant de notre propre création. Kubrick laisse place à la réflexion, et surtout au silence qui fait du bruit. Reste aux spectateurs la lourde tâche de l’interprétation, alors que certains y verront un simple plaisir visuel d’autres y trouveront peut-être une réponse métaphysique enivrante. C’est là tout le charme du Kubrick, il nous rend libre, libre de voir ce que nous voulons voir.