Une pluie ocre et torrentielle, un ciel de plomb, une nuée menaçante, telles sont les images apocalyptiques qui hantent Curtis Laforche. Pour quelles raisons cet ouvrier de l’Ohio qui mène une vie des plus ordinaires dans un coin où il n’y a rien s’imagine-t-il que c’est la fin de tout ? Cette question est au cœur du deuxième long-métrage de Jeff Nichols, et nous donne des frissons jusqu’à la dernière seconde. Parfaite représentation de la famille nucléaire à l’américaine, Curtis, sa femme, Samantha, et leur fille, Hannah, qui souffre de surdité, mènent une existence paisible et attendent une opération qui pourrait rendre l’ouïe à Sarah. Seulement, des visions de fin du monde tournent à l’obsession pour Curtis, qui entreprend de rouvrir l’abri souterrain et de l’aménager. De cauchemars terrifiants aux véritables paysages de jugement dernier, on y voit une métaphore filée d’une Amérique en perte de repères, assaillie aussi bien par la crise économique que par une possible catastrophe écologique. Michel Shannon est impressionnant dans son rôle de prophète, et nous oblige à nous demander qui est le plus fou entre celui qui croit trop et celui qui ne croit pas.