Je ne suis pas conquis mais je t'ai compris, Stan.
Je ne me souviens pas avoir été autant perplexe face à une oeuvre cinématographique de toute ma vie. Les films de Kubrick ont toujours été perturbants comme cela d'une façon ou d'une autre mais jamais à un tel point et de façon aussi nuancée.
Je comprends pourquoi les cinéphiles aiment tant ce film. Que ce soit par sa forte profondeur philosophique (j'interprète personnellement ce monolithe comme l'être humain en lui-même, ou du moins une certaine représentation de ce dernier, mais je ne m’étendrais pas là-dessus, ce n'est pas l'objectif) ou bien son caractère visuel extrêmement impressionnant, en particulier quand on voit sa date de sortie avant et après le visionnage, ce film a de quoi nous toucher de façon particulièrement intense. D'ailleurs, même les plus pessimistes envers ce film ne pourront pas renier qu'entre leurs complaintes face à cette extrême lenteur, certains passages étaient fortement perturbants. Cette oeuvre marque et présente un style cinématographique unique en soi. Je dirais même qu'il s'agit plus d'une expérience visuelle et sonore que d'un simple visionnage.
Je comprends ce qu'a voulu nous apporter Stanley à travers ce film. Dans cette expérience quitte ou double, il a voulu nous apporter énormément en nous facilitant le moins la tâche possible. Tout se fait dans la simplicité : Des séquences avec comme seule guide sonore une musique classique, et à l'inverse, des plans noirs accompagnés d'une bande son perturbante nous faisant faire face à nous-mêmes et nous poussant à nous questionner. Une intrigue nouée sur elle-même et extrêmement lente pour symboliser la lenteur et l'infinité du monde nous entourant. Cette oeuvre est une véritable exploit en soi puisqu'il arrive à nous faire ressentir une philosophie et un symbolisme visuel extrêmement subtils mais également très puissants, et je félicite Kubrick pour ça.
Je comprends aussi qu'on puisse adorer Hal qui joue à perfection son rôle d'intelligence artificielle trop réussie qui essaie de prendre sa place dans l'humanité en défendant ses convictions, du fait que moi aussi, j'ai bien aimé ce personnage dont les émotions cachées derrière sa voix robotique sont magnifiques. De plus, il met parfaitement en valeur une confrontation machine/humain maintes fois déjà vue et rarement réussie, notamment quand on passe après ce film-ci. Bref, c'est, à mes yeux, la plus grande réussite du film, bien que j'aurais aimé que ce point soit plus développé que ça, et je comprends tout à fait que certains considèrent qu'il s'agisse du meilleur cas d'intelligence artificiel existant (je serais peut-être même d'accord) et même que certains pensent que ce soit le meilleur personnage de tous les temps dans le meilleur film de tous les temps. Car ce film mérite bel et bien d'être aimé.
Mais. Malheureusement mais. Ce film ne m'a personnellement pas conquis, malgré toute cette compréhension. Si objectivement je puisse voir l'intérêt et la qualité de ce film, je reste grandement déçu par le résultat. M'étant ennuyé plus d'une fois par certaines longueurs vraiment trop étendues, certains plans m'ont un peu déçu par leur construction, et le scénario garde un arrière-goût de fierté artistique au détriment du divertissement audiovisuel qui aurait pu être présent. Bien que je voyais de loin la beauté philosophique et visuelle de la chose, celle-ci m'a laissé de froid et je n'ai pas réussi à vraiment accrocher, et je pense que cette bonne note est plus un respect plein de recul envers cette oeuvre incontestable qu'une appréciation personnelle, car la mienne reste très moyenne. Je comprendrais ceux qui aiment, mais comprendraient aussi ceux qui n'ont pas aimé, car je fais en partie partie de ceux-là. Comme je le disais, cette oeuvre est quitte ou double, et pour moi, ça restera plus une expérience étrange et respectueuse plus qu'une oeuvre totale cinématographique.
Bravo quand même, Stan.