Dans le monde de Roland Emmerich, tout est possible. Tout explose aussi, l'homme ayant fait de la destruction massive sa profession de foi. Les effets spéciaux sont donc démesurés mais n'ayez crainte braves gens, ils ne font que remplir l'écran sans souci d'immersion. Dans "2012", la facture est salée : environ 6 milliards de morts. Tout le monde (ou presque) y reste, mais Roland Emmerich préfère passer cela sous silence : pas de morts à l'écran (tout juste un pilote d'avion, soyons fous !), ça pourrait choquer, on ne sait jamais. "Titanic" se permettait un traumatisant cimetière glacé à ciel ouvert il y a déjà plus de dix ans, mais peu importe. Dans le monde de Roland Emmerich, tout est lisse, rien ne blesse, et la limousine est notre meilleure amie : ponts qui s'écroulent, buildings qui les imitent, boulevards avalés par un séisme, la limousine survit à tout (comme le chien, d'ailleurs).
Des péripéties ridicules que le cinéma-catastrophe n'ose plus depuis des lustres mais dans le monde de Roland Emmerich, cela n'empêche pas d'être à la mode. Pour cela, on photocopie tranquillement le premier tiers de "La Guerre des mondes" de Spielberg (mêmes situations et dilemmes familiaux, même fils ingrat qui appelle son père par son prénom, même gros plan sur les yeux pleins de larmes d'une gamine terrorisée...), et on caresse l'électeur d'Obama dans le sens du poil : le scientifique de génie est noir, le gentil président proche du peuple aussi. Histoire de bien faire comprendre le message, le héros au visage pâle porte le même patronyme que 50cent à la ville, et le continent africain se voit érigé en terre promise lors du plan final. A un tel degré de démagogie puante, on se dit que "2012" aurait dû sortir à l'époque où il se déroule, histoire qu'on n'ait pas à subir ses (très) longues 160 minutes d'abrutissement complet.
Quitte à vous faire un film catastrophe old school à tendance progressiste, revoyez plutôt le "Deep Impact" de Mimi Leder : revu à la télé hier soir (après plus de quinze ans de séparation, Dieu que mon enfance est loin) le film présentait déjà un président black et révélait entre deux séquences cliché quelques très bons moments de tension. C'était peu, mais ça suffit largement à enterrer ce "2012" ennuyeux à crever.