Le Chaperon Rouge fait plus peur en allemand...
La projection à laquelle j'ai assisté a eu lieu en présence de Jennifer Ulrich, actrice principale du film et révélée au grand public dans "Die Welle" (Dennis Gansel, Allemagne, 2008), très mauvais long métrage que je cite volontiers en exemple comme cas type d’un sujet en or massacré par un scénario lamentable. Rien de commun, heureusement, avec "205 Room of Fear", qui n’a pas les mêmes ambitions et tient mieux ses promesses. On avait toutefois quelques raisons de se méfier lorsqu’on se souvenait de certains films d’épouvante allemands récents, à l’image de "Urban Explorer" (Andy Fetscher, Allemagne, 2011), navet horrifique américanisé jusqu’à la moelle.
Katrin, une étudiante qui souffre de diverses affections post-traumatiques suite au suicide de sa mère, emménage sur un campus universitaire, dans la chambre d’Annika, une fille qui a subitement disparu d’un jour à l’autre. Elle peine à s’intégrer et finit par liguer contre elle plusieurs étudiants qui semblent l’avoir prise en grippe. Elle trouve par le biais d’internet le journal intime en vidéo d’Annika, qui laisse entendre des choses assez désagréables, tandis que divers meurtres sont commis sur le campus. Ca sent le teen movie, c’en est bien un, mais il est plutôt bien mené.
"205 Room of Fear" n’échappe pas à un certain classicisme dans le genre du film d’horreur mais on le lui pardonne d’autant mieux qu’il joue beaucoup avec les codes, faisant mine de tomber dans tous les clichés les plus attendus pour les retourner aussitôt et créer un rebondissement, un peu à la manière d’un athlète suffisamment sûr de ses capacités pour faire semblant de trébucher de temps à autre. Des lumières qui clignotent avant les meurtres, une boue noire qui se répand lorsque le spectre est proche, un fantôme terrifiant, autant de topoi sans surprise. Toutefois… Tout laisse à croire que tel jeune homme si gentil et compatissant avec l’héroïne joue sans doute un double jeu et est un vilain personnage (cliché), si ce n’est que… que non, finalement, il est vraiment gentil. Tout indique que ce fantôme effrayant en quête de vengeance a en fait été la victime de quelque chose et veut nous indiquer ceux qui l’ont fait tant souffrir (cliché), à moins que… que non, le fantôme est bel et bien malveillant et ses victimes bel et bien des victimes innocentes.
La première partie du film joue habilement sur le doute : y a-t-il réellement une présence fantomatique ou s’agit-il d’hallucinations dues à l’ecstasy que Katrin a consommé ou à la perte de ses antidépresseurs ? Le spectre, toujours recouvert d’un chandail à capuche rouge, attire l’œil à chaque fois qu’il apparaît, dans la pénombre d’un auditoire, dans un couloir d’hôpital ou dans une boîte de nuit. Quant à la scène finale, elle est sans doute la plus réussie car elle remet en cause toute la conclusion du récit – je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher la surprise de ceux qui iront voir le film.