"Ce n'est pas à l'enfant de faire une transition mais à la famille entière de se transformer."
Une phrase de la réalisatrice qui résume parfaitement l'enjeu de son film, récompensé, il y a peu, par 3 Goya, les équivalents espagnols de nos César.
D'abord filmé à hauteur de l'enfant, le récit déplace progressivement le point de vue du côté des adultes et se focalise davantage sur le personnage de la mère ainsi que sur la relation toute particulière et paradoxale qu'elle entretient avec son enfant, lui laissant explorer le monde et se construire avec une liberté totale mais ne parvenant pas à mettre les mots pour l'accompagner dans cette recherche d'identité.
Pas étonnant que la jeune Sofia Otero ait remporté l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale 2023, tant elle incarne avec justesse son personnage d'enfant qui ne se sent pas à l'aise dans le corps qui lui a été attribué à la naissance. La relation qu'elle noue avec sa grand tante, une apicultrice qui fait preuve d'une ouverture et d'une écoute inouïes, est ce qui touche le plus.
L'on pense à Tomboy de Céline Sciamma ou au très beau documentaire de Sébastien Lifshitz, Petite Fille, qui abordaient tous les deux la question de la transidentité avec les mêmes justesse et délicatesse, mais le film ne parvient jamais à dégager la même puissance émotionnelle.
Il est en effet dommage qu'il s'éparpille autant et soit parfois si lent. Certes, cela permet d'aborder de manière plus large la question du poids de la famille et évite que le récit ne tombe dans quelque chose de trop pédagogique ou programmatique mais l'on peut tout de même regretter qu'il mette tant de temps à prendre son sujet à bras le corps. Il faut en effet attendre le dernier quart pour que le film touche vraiment (malgré une conclusion un peu précipitée qui peut laisser perplexe).
Ma page ciné Instagram : fenetre_sur_salle