The number of the bite

Adapter la série 21 jump street au cinéma très franchement ça intéresse qui ? J'ai vu tous les épisodes, au début des années 90 j'étais complètement la cible et j'adorais ça pour démarrer mon mercredi après-midi. Mais soyons honnête, ça n'a jamais volé bien haut malgré des moments plus inspirés que d'autres. A revoir aujourd'hui la série n'a vraiment pas résister aux outrages du temps et ça ne se limite pas qu'aux fringues et aux coiffures des acteurs. Tout ça pour dire que tourner l'adaptation ciné de 21 jump street à la farce était sans doute la seule bonne façon de faire les choses. Le problème est que 21 jump street, le film, est une comédie qui n'est tout simplement pas drôle.

21 jump street porte tous les stigmates de la comédie US de supermarché : la moitié du temps les acteurs hurlent leur blagues, les dialogues sont au mieux poussifs au pire d'une grande pauvreté (visiblement le fait de voir un adulte prononcer le mot "bite" est un ressort comique en soit), c'est vulgaire pour rien(je vous ai déjà dit que le principal ressort comique du film était l'utilisation du mot "bite" ? ) et on voit venir les rebondissements à des kilomètres. Il y a quelques moments à sauver comme cette poursuite dans les bouchons ou encore l'incontournable caméo de Johnny Depp qui s'achève de façon cruelle et donc assez jouissive. Une poignée de blagues réussies s'intercalent entre de longs moments creux voir, parfois, carrément embarrassants.

Le film lorgne du côté des buddy movies qui ont eux aussi bercé les années 90 (et même 80) mais sans jamais réussir à retrouver l'équilibre magique de l'Arme Fatale, du Dernier Samaritain, de Die Hard 3 ou même de Last Action Hero. La comparaison est d'autant plus douloureuse pour 21 jump street qu'on se tape en plus quelques vannes méta qui n'ont pas grand chose à faire là. À la différence des modèles 21 jump street n'utilise pas le décalage par rapport à des situations de départ (assez) crédibles et/ou dramatiques, il préfère nous imposer un duo de personnages immatures et idiots dans des situations du même acabit. En soit, pourquoi pas mais le souci, là encore récurrent dans la comédie américaine actuelle, c'est que tout le film est fait pour nous montrer qu'être immature et idiot c'est super bien.

Il suffit de voir la première arrestation, où les deux larrons frottent leurs fesses sur la tête d'un suspect et font semblant de le violer pour assurer leur autorité (au fait, je vous ai déjà dit que pratiquement toutes les blagues tournent autour de la bite ?), pour immédiatement détester ce duo.

Le pire c'est que dans sa facture technique 21 jump street n'est pas du tout honteux, le rythme est même plutôt bien géré mais il n'est simplement pas drôle... ni même un peu sympathique.

Rendez-nous Shane Black, s'il vous plaît.