Voir débarquer l’adaptation cinématographique d’une série culte aux États-Unis plus de 20 ans après celle-ci, il y a de quoi avoir peur ! Surtout quand l’on voit les acteurs principaux remplacés (forcément) par de petits nouveaux. Sans compter qu’en une vingtaine d’années, les mentalités et les attentes du public en matière de bon divertissement ont bien évolué. Et pas souvent dans le meilleur des cas ! Alors, à l’heure où la comédie américaine se laisse aller dans le cliché à la surdose du rose bonbon ou bien à l’humour vulgaire et lourd, que pouvons-nous attendre de cette version ciné de 21 Jump Street ? Où le film se place-t-il dans tout ce paysage hollywoodien ?

Ah, un autre point qui sans doute effrayer sur l’appréhension de ce film : les réalisateurs Phil Lord et Chris Miller. Qui s’étaient déjà associés (et ne semblent plus vouloir se séparer à la vue de leurs projets) sur le film d’animation Tempête de boulettes géantes. Rien qu’avec ça, il y a de quoi douter sur le rendu final ! Car si le côté farfelu de ce film pour enfants pouvait plaire les plus jeunes, comment transposer toute cette énergie et humour dans un film live qui parle de drogue ?

Car, pour ceux qui ne connaissent pas 21 Jump Street, le film n’est autre qu’une comédie policière. Mais pas une police comme les autres ! Une brigade établie dans une vieille église (au 21 Jump Street, pour l’explication du titre), spécialement composée de jeunes officiers qui peuvent aisément se faufiler dans la masse de jeunes lycéens. Afin de s’y infiltrer (en tant qu’élèves, bien entendu !) et d’y démanteler des trafics de stupéfiants et de stopper la délinquance des mineurs. Les héros du jour sont Morton Schmidt et Greg Jenko, deux bleusailles qui s’entendent comme cul et chemise et qui vont devoir infiltrer un lycée afin d’y trouver le responsable d’un réseau de drogue (qui a causé la mort d’un étudiant).

À partir de ce postulat en somme classique au possible, les réalisateurs et scénaristes se sont faits grandement plaisir ! S’ils respectent la série d’origine, cela reste à voir, surtout pour des spectateurs comme moi qui ne la connaissent pas. Quoiqu’il en soit, le film 21 Jump Street se présente à nous de la même manière qu’aux autres : tel un délire gargantuesque !

Rarement il nous ait été donné de voir une comédie qui proposait un gag à chaque seconde. D’habitude, ce genre de film préfère balancer tout ce qu’il a dès le début pour se terminer vers un happy end « émotionnel » qui prend le pas sur l’humour petit à petit. Ici, c’est une avalanche de situations et répliques comiques qui s’offrent à nous, en passant par des personnages hauts en couleurs et des caméos fort sympathiques (la série ayant lancé la carrière de Johnny Depp, il est donc heureux de la voir apparaître quelques minutes, en compagnie de son complice d’antan, Peter DeLuise). Et sans le moindre cliché, qui plus est ! Dès le début, pourtant, les archétypes pointent le bout de leur nez. Mais sont éviter de manière admirable pour accentuer l’effet humoristique de l’ensemble. Pour l’exemple, nos deux héros sont dissociables (l’un petit et gros synonyme de reclus de la société mais une bête dans les études, l’autre beau gosse bien baraqué qui préfère draguer et utiliser du moins qu’il peut sa cervelle) et se voit attribué comme couverture des matières qui leurs sont respectivement adéquates. Ce qui n’empêchera pas nos deux abrutis de confondre leurs identités et de prendre les matières de l’autre. Donnant de belles occasions pour se permettre un fou rire !

Mais même niveau mise en scène, 21 Jump Street se montre marrant. Chaque plan jouant également des clichés pour faire rire. Et allant même jusqu’à proposer quelques excès cartoonesques (des sortes de « panneaux d’explications » lorsque nos héros sont soumis à la drogue qu’ils doivent empêcher la diffusion). D’ailleurs, cette séquence où les deux branquignoles se tapent involontairement ce trip est un véritable régal qui résume à lui tout seul le film : énergique, hilarant et anthologique (oui, on peut aller jusqu’à ce qualificatif !). De ce fait, 21 Jump Street peut tout se permettre : l’arrivée de nos héros au ralenti sans que cela ne fasse tâche au rendu visuel, une cascade loupée au ralenti, certaines vulgarités qui ne choquent pas et mettent inlassablement dans le mille, une séquence de course-poursuite aussi efficace que dans n’importe quel film d’action… Un véritable régal !

Un délice qui ne serait rien sans le duo de choc constitué de Jonah Hill et de Channing Tatum. Deux comédiens qui pouvaient tout aussi bien faire fuir le spectateur de part leur parcours respectif. L’un étant abonné aux comédies loufoques qui ne marchent pas vraiment à cause de lourdeurs trop marquées. L’autre lancé par une comédie musicale pour ados (Sexy Dance) et qui continue son parcours par des rôles à 200% hollywoodien, sans jamais arriver à percer correctement dans le métier. Les réunir dans ce film est sans nul doute la meilleure chose qui ait été faite, les deux comédiens s’entendant à merveille. Formant un couple de comiques branquignoles et pourtant attachants qui fonctionne parfaitement. Une alchimie exemplaire pour ce genre de divertissement ! Qui aide grandement à la réussite humoristique de l’intégralité des situations (comme cette dispute sur scène lors d’une représentation de Peter Pan).

Il n’est donc pas étonnant de voir que cette version ciné de 21 Jump Street s’est dévoilée être un véritable succès (commercial et critique). Même si le film n’évite pas quelques moments dits d’émotion dont on se serait bien passé, cassant un chouïa le rythme effréné de ce délire démesuré. Et l’on ne peut qu’attendre avec impatience la suite qui devrait bientôt débarquer sur nos écrans. Un second opus sobrement intitulé 22 Jump Street. Qu’importe : les réalisateurs et acteurs sont de retour, c’est ce qui compte le plus !

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le 5 janv. 2014

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