J'ai mis des années à me décider à mettre ce DVD dans mon lecteur. Voilà une poignée de personnages dont les histoires s'entremêlent, parfois même à plusieurs décennies de distance. Le scénario est tissé d'une main de maître.
Le personnage joué par Serrault est comme spectateur de la vie des autres, et peut-être même de sa propre vie. Les femmes seules dirigent la destinée des hommes. Eux ne semblent guidés que par leurs instincts : l'amour, le jeu. Et dans la vie de Louis, il y a cette femme, veuve d'un richissime anglais qui va lui raconter son histoire. Toute sa vie, Louis va courir après un fantôme. Le fantôme d'une autre, le fantôme de vie d'une autre. C'est assez pathétique si on en reste à ce niveau de lecture du film.
En effet, nous n'entrevoyons que des bouts de vie, un peu comme ces volets qui apparaissent parfois dans le film. La pièce est sombre, mais de l'autre côté le soleil inonde le pays. Le film, comme ces volets, ouvre des pans de vies, sans se donner la peine de nécessairement relier les différentes époques, sans nous permettre de tout comprendre. Certains personnages sont esquissés seulement, d'autres sont plus fouillés ; mais rien n'est laissé au hasard.
Ces rencontres, parfois simplement racontées, suffisent à créer des liens, à donner du sens. Du sens à la vie de Louis (Michel Serrault, parfait et le jeune Clément Van Den Bergh, intéressant), à la vie d'Olivia rencontrée fortuitement (magnifique Bérénice Bejo), à celle de Marie (éblouissante Agnès Jaoui). A travers les âges puisque l'unité se veut être dans le lieu.
Ce kaléidoscope de vies captive et hypnotise le spectateur, on devient voyeur de ces vies, et comme Louis ou Olivia, on voudrait sortir du film en disant merci, merci de ces petits bouts de rien, qui tissent des raisons de continuer à exister.