L'idée géniale du réalisateur est d'avoir supprimé tous les clichés liés à l'acceptation de la transexualité de Lara par son environnement : tout le monde le sait, tout le monde accepte, tout le monde accompagne, l'empathie est totale.
Dès lors, le film se concentre sur Lara, et seulement sur elle. Ou lui. Non, elle. Et là est la force du film : le spectateur pénètre la personnalité, ressent, presque physiquement, les tiraillements intérieurs de Lara.
Lara est donc une jeune fille transgenre. Elle est très jeune, quinze ans. Elle est danseuse, très bonne danseuse. Son parcours pour devenir une femme est sur la bonne voie. Le corps médical accompagne, la famille est présente, l'entourage amical de Lara sait et accepte.
Mais Lara vit mal la trop lente transformation de son corps. Alors, elle le torture son corps, elle le plie à une discipline impitoyable à la danse et dans la vie de tous les jours. Elle souffre. Et nous souffrons avec elle, d'autant que le réalisateur a su filmer cette souffrance.
A un moment, le père dit à Lara : "Tu es une fille. Mais pas encore une femme." Message à double sens puisque Lara est une adolescente, avec les problèmes qui vont avec quant à la puberté, l'apparition des seins, le rapport au sexe. Mais avec un sens aiguisé puisque le corps de Lara doit freiner son évolution vers l'homme pour évoluer vers celui de la femme.
Et ça ne va pas assez vite pour Lara. Il lui est impossible de vivre comme les autres filles : les seins, les formes, le rapport aux garçons... D'ailleurs, aimera-t-elle les garçons ? les filles ? Même elle avoue ne pas le savoir...
Il est à noter la présence très forte du père dont l'amour pour sa fille éclaire l'histoire. Il est à noter l'étrange absence de la mère, dont il n'est jamais question et dont nous n'avons aucun indice pour expliquer ce vide.
Mention spéciale pour le jeune acteur, d'une justesse troublante. Ne pas oublier non plus l'acteur incarnant le père, rayonnant d'amour pour son fils : il est juste parfait.
J'ai vu un film magnifique. On retrouve la patte du cinéma belge dans la tenue de la caméra (voyez du côté des frères Dardenne) mais aussi dans la captation du son. Après un premier film de cette qualité, le réalisateur a mis la barre très (trop ?) haut.