Voici typiquement le genre de suite qui m’énerve. Il y a plusieurs genres de suites. Celles à la Fast & Furious, uniquement basées sur le profit et le gain d’argent. Les logiques, comme la saga Star Wars ou Seigneur des Anneaux, ou encore d’une certaine manière les adaptations de comics. Il y a également les suites sans fondement, celles qui n’avaient pas pour vocation d’exister mais qui n’ont pas été réalisées uniquement par appât du gain pour autant, c’est dans ce genre de suite qu’accouche le meilleur comme le pire. Nous pouvons classer dans cette catégorie des films tels que le Retour vers le futur ou Indiana Jones, qui possèdent un univers suffisamment étendu pour qu’on puisse l’utiliser sans dénaturer l’œuvre originale, ou encore la série des James Bond dont l’objectif n’est pas l’histoire en elle-même mais l’usage du personnage. Mais au sein de cette famille se trouve la race qui nous intéresse, celle dans laquelle nous pourrions intégrer Ocean’s Twelve et Thirteen, les suites qui ne sont pas particulièrement faites pour le fric et qui ont un univers assez étendu mais qui, quoiqu’il arrive, quelque soit la raison pour laquelle on les crée, dénaturent quand même l’œuvre originale. Le parfait exemple actuel serait Pirates des Caraïbes qui sombre dans le néant, ou encore Transformers qui devient une pâle parodie de sa propre parodie…
En quoi 300 : La Naissance d’un Empire fait donc partie de la dernière catégorie alors qu'il est l'adaptation d'un comics ? Ce qui faisait la force de ce premier 300, et c’est pourquoi il avait ce titre d’ailleurs, c’est qu’il ne s’occupait que d’un seul détail de l’histoire entière. Dans la plupart des films, soit on à affaire à une surenchère de l’épique, qui en général est appréciable pour le tout public, soit on cherche à approfondir une partie intime et l’on ne se centre que sur cette partie, souvent ce sont les biopics qui ont cette construction, ou alors le film se conclut en élargissant la portée de son acte final. Avec 300 nous nous centrions uniquement sur une petite armée qui menait une vaillante résistance. Oui, c’est montré de manière ultra épique, mais ce qui se passait en dehors de cette bataille n’était pas présentée, et nous en savions encore moins sur les agissements du méchant, ainsi que le montre la fin du film qui offre une fin ouverte finalement. Mais même si cette fin laisse entrevoir une possible suite, c’est justement cette coupure prématurée qui permet de rendre l’histoire entière intéressante. Nous faisons partie de cette équipe de 300 spartiates, nous sommes des spartiates, si on nous montre ce qui intervient après ou ce que fait l’ennemi, quel est l’intérêt de se centrer sur les 300 spartiates en question ?
Et c’est là que la suite intervient. S’il est admissible que le scénario en lui-même est plutôt intéressant et qu’il ne se contente pas d’être un banal préquel ou séquel, en se situant en parallèle du premier opus, il n’est pas bon pour autant. Ce n’est plus l’histoire de ces 300 spartiates qui vont se sacrifier pour défendre Athènes, ce n’est donc plus 300, que ce soit la naissance ou non d’un empire. Et même si cela peut s’avérer intéressant de mettre en scène une bataille navale plutôt qu’une guerre terrestre afin de diversifier les scènes d’affrontement, encore faut-il savoir les orchestrer proprement. Ce qui nous faisait chavirer c’était de voir ces 300 gugus à moitié à poil être en dehors des réalités et se battre comme si rien, pas même un dieu, ne pouvait se mettre en travers de leur chemin, comme s’il n’y avait qu’eux au monde malgré la volonté de défendre leur patrie. Si l’on apprend d’autres choses, le premier opus n’a plus de sens, la foi et la détermination des spartiates n’est plus qu’une douce illusion dont l’impacte n’est déjà plus digne de notre intérêt, surtout si finalement, l’armée Sparte attaque lorsque la ville est mise à sac.
Adieu cohérence, ce que le spectateur veut, ce sont des bastons, des punchlines et encore des bastons agrémentées de sang. Du sang qui est d’ailleurs particulièrement affreux. 300, c’est aussi tout un univers visuel à lui seul, dans les décors, les lumières et les ralentis, mais ce n’est pas un film d’animation. Si la qualité de quelques effets spéciaux était pardonnable en 2006, en 2014, où la 3D prend tout son essor et où elle est appliquée ici, on s’étonne de voir un sang aussi peu crédible. A croire qu’ils ont pris des tubes d’Advil pour le remplacer. Tout ce qui faisait la particularité du premier opus n’est plus. Quelques références au film de Snyder n’en font ni de bonnes références, ni un bon film. Les ralentis sont conservés mais pas aussi bien utilisés et le développement des personnages n’est pas non plus aussi abouti. Le fait d’en connaître autant sur l’ennemi détruit un peu le mythe, même si chaque personnage à bien le droit à son histoire, Darth Vader à bien eu la sienne. Les scènes de combats sont moins jouissives, les punchlines sont dans la digne lignée du premier mais on croirait avoir affaire à un sous-300, un genre de substitut de celui-ci.
Heureusement que ce n’est pas moins qu’un substitut, sans quoi il n’y aurait véritablement rien à sauver de cette suite. Et l’avantage, c’est que passer après Pompei permet au moins d’être plus transigeant.