303, avec son titre peu commercial, sa maigre exposition au milieu de l'été, ses acteurs inconnus et son réalisateur autrichien, Hans Weingartner, qui n'évoquera que des souvenirs à ceux qui ont vu The Edukators, voire Free Rainer, va passer totalement inaperçu et c'est fort triste car il s'agit de l'un des films les plus charmants de l'année et pas dans le sens de mièvre mais plutôt de jubilatoire. Encore faut-il aimer les conversations à deux où l'on s'interroge sur le sens de la vie, l'évolution de l'espèce ou la notion de fidélité dans le couple. Entre autres discussions qui rythment ce road trip de Berlin à Porto, en passant par la Belgique, la France et l'Espagne. Un film qui n'a besoin que de deux personnages, disons 3 avec ce bon vieux camping-car Mercedes, modèle 303, on ne peut plus vintage. Oui, le film est très bavard mais on y entend, une fois n'est pas coutume, des choses intelligentes, drôles, philosophiques, scientifiques et surtout contradictoires car c'est dans l'opposition des voyageurs que se construit leur amitié et plus si affinités. Comme le dit Weingartner, 303 est l'anti-Tinder, le récit d'une relation bâtie à force de phrases, de regards, de sensations et d'odeurs. Cette comédie romantrip traverse une Europe paisible, prétexte à quelques clins d'oeil touristiques (Noirlac, la Loire, Altamira) et gastronomiques (Saint-Jacques au chorizo) mais sans excès, au même titre qu'une B.O douce et point trop envahissante. Weigartner a mis 4 ans à trouver ses deux interprètes et cela se comprend car ils sont tout de même presque constamment à l'écran pendant près de 150 minutes. Ces acteurs inconnus sont euh charmants mais sans être des gravures de mode, permettant une identification immédiate. Dernier bon point : le film ne se termine pas sur une fin totalement ouverte. Cela fait du bien car c'est devenu plutôt rare.