Réalisé à la toute fin des années 80 par le frère de Francis Lalanne 3615 code Père Noël est une édifiante curiosité, mélange de conte pour adultes et de film d'horreur strictement tendancieux. Délibérément daté, arborant un style télévisuel voire publicitaire le film de René Manzor cultive une esthétique évoquant les réclames eighties de tout poil, offrant par la même occasion un rôle de mère carriériste totalement stéréotypé à la grande Brigitte Fossey tout en permettant à Louis Ducreux d'incarner derechef le rôle du papy idéal avec délice ; on notera niveau casting le professionnalisme du méconnu Patrick Floersheim, impeccable en père Noël ordurier pas mal inquiétant...
Bien que véritablement imparfait ( grosses fautes de rythme, registre d'ensemble balbutiant entre l'humour parodique et le premier degré déconcertant, chanson de Bonnie Tyler proche de la ringardise...) 3615 code Père Noël ose et propose un long métrage élégamment unique en son genre, et surtout assez subversif : le film est un révélateur social finalement plutôt pertinent, montrant dans le même temps les méfaits du business intrinsèque aux fêtes de fin d'année ( mère absente, hégémonie des grandes surfaces, etc...) tout en démythifiant la figure chimérique du Père Noël pour mieux signer l'avènement de la fin de l'innocence et celle de l'enfance ; chiche en termes d'hémoglobine et de violence graphique 3615 code Père Noël demeure toutefois un film de genre pur et dur, suffisamment noir et cruel pour mériter que l'on s'y attarde sur le tard. C'est glauque, impoli et tout à fait correctement réalisé.
Si le jeune Alain Musy se contente d'afficher sa moue d'enfant terrible estampillée eighties ( la référence à John Rambo distille un rire assez jaune...) sans jamais convaincre pleinement dans le rôle principal le mauvais goût général dudit film accouplé au reste des ( souvent bons ) autres comédiens finit de nous satisfaire. A noter que le long métrage de Manzor est dédié à Alain Delon, un habitué des films de Serge Leroy auxquels 3615 code Père Noël fait immanquablement songer...