D’un côté, un ancien flic devenu comédien puis réalisateur, Olivier Marchal, qui décide de faire un remake maquillé du Heat de Michael Mann (qu’il vénère), à la française, en s’inspirant de son expérience personnelle dans la police ainsi que celles de ses ex-collègues. Bercé par Melville et consorts, le bonhomme est animé des meilleurs intentions. Seulement voilà, le film devra être calibré pour une diffusion en prime time sur la première chaîne… L’histoire est très bonne, plutôt réaliste, malgré une surenchère dramatique un peu exagérée qui plombe quelque peu le dernier tiers du récit. Le contraste entre deux hommes aux méthodes radicalement opposées est très bien amené et tient le spectateur en haleine jusqu’à la dernière minute. D’un côté Vrinks, flic aux méthodes musclées mais toujours juste, qui n’a d’ambition que de bien faire son boulot et d’aider les plus faibles. De l’autre, Klein, dévoré par son désir de pouvoir, et qu’un premier dérapage va entraîner sur la mauvaise pente, semant les cadavres sur son chemin. En ce qui concerne l’interprétation, c’est du très haut de gamme. Daniel Auteuil confirme une nouvelle fois qu’il n’a pas son pareil pour incarner des personnages sombres, meurtris, mais décidés. Dans la lignée de L’Adversaire, il empreigne la pellicule par le biais de sa détresse et de sa détermination. On en redemande. De l’autre côté du miroir, Depardieu, qu’une simple moustache parvient à transformer en loser prêt à tout pour parvenir à ses fins. Conscient qu’il n’arrive pas à la cheville de son concurrent direct, il réalise que ses rêves sont derrière lui. Sa femme le lui dira sans concession, « ce grand flic que tu voulais être et que tu seras jamais ». Au final, malgré les impératifs qu’on lui a imposé, Olivier Marchal s’en tire plus qu’honorablement, nous livrant un des plus beaux duels au sommet du cinéma français depuis un petit moment.

NєσLαιη
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Gérard Depardieu et MY DVDTKE Movies

Créée

le 7 mars 2016

Critique lue 548 fois

NєσLαιη

Écrit par

Critique lue 548 fois

D'autres avis sur 36 quai des Orfèvres

36 quai des Orfèvres
Val_Cancun
8

La guerre des polices

Après un premier film très prometteur mettant l'accent sur des dialogues fleuris au sein d'un quasi huis-clos ("Gangsters"), Olivier Marchal passe la seconde avec "36, quai des orfèvres", parvenant à...

le 25 mai 2021

14 j'aime

3

36 quai des Orfèvres
Fatpooper
3

Les gros sabots de Marchal

Je n'avais pas adhéré au film dès la première vision il y a maintenant 7 ans. Aujourd'hui, je relève encore plus de défauts, et c'est vraiment triste. Déjà, la référence de Olivier Marchal, c'est...

le 17 juil. 2012

13 j'aime

10

36 quai des Orfèvres
denizor
2

Critique de 36 quai des Orfèvres par denizor

Ce film est un imposture. Au moment de sa sortie, la production avait capitalisé sur le passé de flic d'Olivier Marchal pour nous vendre le film comme "ultra réaliste", montrant de l'intérieur les...

le 1 févr. 2016

11 j'aime

4

Du même critique

Un drôle de paroissien
NєσLαιη
10

Un catholique pas catholique ◥

Mon premier long-métrage de Jean-Pierre Mocky et j'ai passé un moment divin. Le personnage de Bourvil, fils d'une famille aristocrate et catholique, vivant dans un appartement vide, sans argent, tout...

le 24 août 2016

6 j'aime

Man on the Moon
NєσLαιη
3

Movie in the loose ◥

Jim Carrey me procure toujours une grande satisfaction quand il est dans la peau d'un personnage dramatique. C'est ce qui le rend encore plus talentueux, ce qui pêche ici c'est l'histoire, bien que...

le 28 mars 2016

6 j'aime

1

Jackie Brown
NєσLαιη
10

- Puis-je fumer ? - Non tu puis-je pas

Chapeau bas, Mr Tarantino ! "Jackie Brown" prend tout son temps, adapté au biorythme de protagonistes bien cassés par la vie (la plus jeune, Mélanie plane en permanence, ce qui revient au même)...

le 11 août 2015

6 j'aime