D’un côté, un ancien flic devenu comédien puis réalisateur, Olivier Marchal, qui décide de faire un remake maquillé du Heat de Michael Mann (qu’il vénère), à la française, en s’inspirant de son expérience personnelle dans la police ainsi que celles de ses ex-collègues. Bercé par Melville et consorts, le bonhomme est animé des meilleurs intentions. Seulement voilà, le film devra être calibré pour une diffusion en prime time sur la première chaîne… L’histoire est très bonne, plutôt réaliste, malgré une surenchère dramatique un peu exagérée qui plombe quelque peu le dernier tiers du récit. Le contraste entre deux hommes aux méthodes radicalement opposées est très bien amené et tient le spectateur en haleine jusqu’à la dernière minute. D’un côté Vrinks, flic aux méthodes musclées mais toujours juste, qui n’a d’ambition que de bien faire son boulot et d’aider les plus faibles. De l’autre, Klein, dévoré par son désir de pouvoir, et qu’un premier dérapage va entraîner sur la mauvaise pente, semant les cadavres sur son chemin. En ce qui concerne l’interprétation, c’est du très haut de gamme. Daniel Auteuil confirme une nouvelle fois qu’il n’a pas son pareil pour incarner des personnages sombres, meurtris, mais décidés. Dans la lignée de L’Adversaire, il empreigne la pellicule par le biais de sa détresse et de sa détermination. On en redemande. De l’autre côté du miroir, Depardieu, qu’une simple moustache parvient à transformer en loser prêt à tout pour parvenir à ses fins. Conscient qu’il n’arrive pas à la cheville de son concurrent direct, il réalise que ses rêves sont derrière lui. Sa femme le lui dira sans concession, « ce grand flic que tu voulais être et que tu seras jamais ». Au final, malgré les impératifs qu’on lui a imposé, Olivier Marchal s’en tire plus qu’honorablement, nous livrant un des plus beaux duels au sommet du cinéma français depuis un petit moment.