Cela faisait combien de temps que le cinéma américain ne nous avait pas proposé un scénario aussi abouti, riche en surprises et en dégommage de clichés ? 3 Billboards (oublions le titre français, Les panneaux de la vengeance, ridicule et faux par dessus le marché) est aussi de nationalité britannique, ceci explique peut-être cela, et son réalisateur, Martin McDonagh irlando-britannique, est l'auteur du délicieux Bons baisers de Bruges. Une histoire forte, donc, et décomplexée dans une Amérique profonde et basse du front, violente et raciste. Missouri, mi-péquenaude. Et un personnage de mère endeuillée qui crie justice devant l'apathie de la police. Un western avec une femme seule contre toute la population locale ? Pas si vite, 3 Billboards se bonifie à mesure que son intrigue avance, donnant progressivement de l'espace à des personnages que l'on croyait secondaires et en rendant leur psychologie bien plus complexe qu'il n'y paraissait de prime abord. Le film creuse son sillon et surprend sans cesse, avec des rebondissements inouïs et, mine de rien, une humanité qui prend forme, bon gré mal gré, et cependant sans faire de concessions ni en s'autorisant des facilités narratives. Et tout cela est saupoudré d'un humour acide qui intervient parfois de façon concomitante avec un événement dramatique. Cet alliage est ô combien risqué mais fonctionne parfaitement jusqu'à une dernière scène qui n'est ni un happy end ni l'inverse. L'interprétation remarquable de Frances McNormand n'étonne pas mais tous les autres acteurs sont au diapason, Sam Rockwell et Woody Harrelson en tête, jusqu'au rôle le plus minuscule. 3 Billboards est un grand film et mérite amplement tous les Oscars qu'il empochera prochainement.