Néon rouge allumé, sandwich, Doritos Cheese et jus de pomme à portée de main, on fait craquer les phalanges. Allez, on s'y jette.
Ce soir, je suis allé voir 3 Billboards Outside Ebbing, Missouri, de l'ami britannique Martin McDonagh (vu que je suis gentil, je vous fait grâce du titre français). Le film jouissait déjà de six jolis Golden Globes quelques jours avant sa sortie française. Il fallait donc que je me fasse un avis, rapidement. Très rapidement.
Bon, il faut savoir que je suis allé voir le film confiant. Les deux premiers long-métrages de McDonagh, qui sont Bons Baisers de Bruges, et Seven Spychopaths m'avaient conquis. Sorti respectivement en 2008 et 2012, il avait montré le ton avec des drames teintés d'humour noir, et parfois complètement déjanté. (je conseille d'ailleurs 7 Psychopaths si vous souhaitez vous divertir un peu tout en riant).
Ah, Martin. L'homme qui se veut "1000 fois meilleur que cet enc*lé de Shakespeare". Le type n'est donc pas là pour beurrer les biscottes.
Premier film sans son camarade au trèfle tatoué sur le derrière, Colin Farrell, on retrouve tout de même Woody Harrelson et le génial Sam Rockwell, dont on parlera plus tard!
Donnons d'abord un sentiment global sur le film... Outre son titre français, ce film est d'une qualité rare. Un revers une main à la Roger Federer (ou bien à la Mark Strong dans RockNRolla). Traiter d'un sujet pas évident, qui est la perte d'un enfant dans d'atroces circonstances en l'occurrence, et réussir à s'en sortir de la sorte, avec quelques rires et sourires en coin, reste à mon sens, assez exceptionnel.
On trouve dans ce film le racisme (plus que) supposé dans certaines cambrousses américaines, violences policières, vie de famille mouvementée et recomposée, le regard des autres (notamment sur les personnes de petite taille, déjà présent dans Bons Baisers de Bruges), la maladie, la rédemption et j'en passe... Le tout sur un fond de vérité si troublante que c'en devient flippant, vraiment.
Frances McDormand est magnifique. Habituée des films des frères Cohen (et mariée à Joel), elle squatte du haut de ses 60 ans un des rôles de sa vie. Plus de 22 ans après Fargo, elle semble plutôt bien partie pour un nouvel Oscar... Sa performance est d'une justesse... La mère de famille qui n'a plus rien à perdre, qui commence gentiment à vriller et dont la froideur peut se lire en un regard. Je me répète: Magnifique.
Woody Harrelson est toujours peu garni en cheveux, mais qu'est ce qu'il est bon. Fils d'un tueur à gages ( Si si), il était drôle de le revoir cantonner un rôle de shérif. Puis sa palette d'acting... Le gars peut jouer le flic/detective (True Detective, le mafieux complètement déjanté (7 Psychopaths), détestable dans la Planète des Singes: La Suprématie, ou encore en vainqueur des Hunger Games. Le pire? Il fait tout bien. Cheveux, ou pas, folie, ou pas, le gars joue bien...
Depuis quelques années, je suis amoureux de Sam Rockwell. Concurrent décérébré de Tony Stark dans Iron Man 2, extraterrestre pervers dans H2G2, ou encore Charley Ford dans L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Mon amour pour lui s'est amplifié avec Seven Psychopaths. Ici, il joue le rôle de l'officier Dixon. Raciste et complètement incontrôlable, Martin McDonagh fait ressortir ce qu'il y a de mieux chez cet acteur. A la limite de la schizophrénie, bête et méchant, on s'attache tout de même à lui. C'est plutôt fort... Et vous comprendrez peut être pourquoi j'ai hâte de le voir jouer Georges W. Bush dans Backseat d'Adam McKay. Je pense que le gars est né pour ce rôle.
(J'aime tellement cet acteur que je ne vous ai pas notifié ses apparitions dans Cowboys & Envahisseurs, ni Charlie & ses drôles de dames. Voyez comme je suis sympa). Ah, oui. Golden Globes mérité. J'ai des espoirs pour l'oscar!
A noter, Peter Dinklage avec une moustache, Abbie Cornish toujours aussi belle gosse, Caleb Laundry Jones en parfait bouffon et la jolie Samara Weaving (nièce du talentueux Agent Smith. Ou Elrond. Merde, Hugo Weaving, pardon).
La mise en scène de l'irlandais est propre. Aussi bien que ses dialogues. Toujours aussi crus et improbables. Il fait tout de même attention à ne jamais tomber dans la facilité, et on apprécie . J'ai également fait attention à une belle colorimétrie, qui était déjà présente dans ses longs-métrages précédents.
En conclusion, 3 Billboards Outside Ebbing, Missouri est un film qu'il faut aller voir, expressément! Déjà parce qu'il va sûrement subir un push post-Oscar car il y a de grande chance de le voir rafler quelques statuettes, mais tout bonnement car c'est un des films de ce début d'année.
PS: Ai-je dit que j'aimais Sam Rockwell? Non parce qu'en cas, je le redis ici.