Un récit qui s'essouffle

Le scénario m'a souvent semblé gonflé par des artifices peu convaincants. A partir de 40 minutes de film, chaque rebondissement a l'air d'annoncer la fin du film, qui s'étire finalement 80 minutes de plus et s'arrête quelque part sans qu'on sache bien pourquoi ça finit par arriver là et pas plus tôt ou plus tard. C'est aussi la faute au synopsis de départ qui, en dépit de tout ce qu'il a d'amusant, laisse déjà l'impression qu'il ne pourra que s'épuiser. J'ai eu le sentiment tout le long qu'on cherchait à corriger cette limite initiale en fabriquant des événements gratuitement, pour le goût du spectaculaire, parfois quasiment au mépris de la vraisemblance.

Autre défaut majeur à mon sens, une certaine faiblesse dans la construction des personnages. Même Mildred, qui a tout pour intriguer et que Frances McDormand incarne très bien, nous échappe un peu et sa "relation" avec ces panneaux m'a parue peu exploitée. Dixon, une fois qu'il se retrouve au cœur de l'action, perd de sa cohérence et, le reste du temps, symbolise assez bien les tentatives comiques ratées du film. D'autres personnages, comme le fils Hayes ou la femme du shérif, manquent assez nettement de profondeur et ont des allures de faire-valoir alors même que leur place dans le récit aurait dû leur donner plus de relief.
Je vois mal enfin ce que ce film peut bien nous dire des effets collectifs de chasse à l'homme et de bouc-émissaire dont il décrit pourtant les ravages, et je ne crois même pas qu'il faille chercher un point de vue sur la partie des USA qu'il dépeint...

Pour ma part, j'ai regretté

Je lui reconnaîtrai quand même quelques mises en scène marquantes et un relatif plaisir, malgré tout, à subir ce scénario à rebondissements