Ni le titre, ni la bande-annonce, ni le casting ne me donnait envie, mais face au succès médiatique et aux récompenses d'interprétation aux Golden Globes, je me devais d'aller voir 3 Billboards. Suite au meurtre irrésolu de sa fille, une mère de famille décide de frapper fort à sa manière en investissant sur les panneaux de publicité abandonnés sur une route isolée. Cet acte va connaitre un impact conséquent sur la petite bourgade encore sous le choc de cette disparition. Sous des airs de Burn After Reading, 3 Billboards vient totalement controverser l'American Way-of-Life, avec toupet et égoïsme. Les personnages sont dingues et brillants, jamais cliché, et toujours emprunt de véracité. Chaque personnage fait ce qui lui semble juste sans penser aux conséquences néfastes : ce sont des fonceurs qui mènent leur justice ! Et c'est là toute la force majeure du film : agir et s'en foutre ! C'est à la fois extrêmement provocateur, à la fois beau dans son audace mais c'est aussi un appel à l'aide... Martin McDonagh dessine les contours d'une Amérique calfeutrée, réac et raciste sans jamais moraliser en usant avec intelligence d'un humour noir bien maitrisé. Frances McDormand, Jeanne D'Arc de la justice sauvage, qui semble jouer qu'une couleur d'émotion dans la bande-annonce, révèle des nuances précieuses et puissantes qui la distingue dans un brio subtile et profond, la rendant bien méritante de la fameuse statuette... Il en va de même pour son partenaire, Sam Rockwell, en flic plouc et bouseux mais néanmoins complexe, qui réussit à nous faire passer d'une émotion à l'autre en un regard... Woody Harrelson, quant à lui, en toile de fond, campe un chef de police viril et autoritaire soumis à la loi de la nature. Jamais manichéen, le troisième et meilleur film du réalisateur tient sa force dans l'imprévisibilité de ses personnages et dans l'habilité écorchée de son scénario. 3 Billboards est le premier grand film de l'année qu'il faut voir sans sourciller car son impertinence envers notre société actuelle du "politiquement correct" nous fait un bien fou !