3 Billboards est un mélo tragi-comique, un drame teinté d’un humour noir et féroce.
Son scénario multiplie les fausses pistes, nous entraîne dans des directions déroutantes, dévie constamment son propos. D’un fait divers sordide, son réalisateur tire une étude de personnages d’une densité et d’une complexité épatantes, où les protagonistes ne sont jamais vraiment ce qu’on croit qu’ils sont.
Si leurs comportements ont quelque chose de burlesque, si la violence qui surgit peut avoir un côté outrancier, si finalement 3 Billboards tient sur un fil, il s’y tient bien, et ne sombre jamais dans le grotesque. Un peu à la manière des comédies barrées des frères Cohen, mais après qu’il aient discuté un moment avec Tarantino.
Détourner les codes pour mieux questionner. Sur l’Amérique profonde et ses relents racistes, sur l’idée de vengeance et de pardon, de rédemption aussi. Mais sans aucun manichéisme, ses personnages ayant tous un côté sombre et un côté lumineux (plus ou moins marqué…).
Il est savoureux de voir le foutoir que met Mildred dans son petit patelin avec ses 3 panneaux, mais tout aussi déchirant de toucher du doigt la douleur du deuil, la misère sociale et la colère face à l’injustice que ce soit lorsqu’un assassin reste impuni, ou que la maladie vous condamne.
Traversé d’autant de moments d’une puissante intensité dramatique que d’instants franchement drôles , 3 Billboards est surtout un film d’acteurs. Les performances de ses interprètes sont majuscules, que ce soit Sam Rockwell en flic red neck bas du front ou Woody Harrelson. Ils forment avec Frances McDormand un trio épatant. L’actrice peut préparer sa robe pour les oscars, elle est phénoménale. Fragile, cassante, corrosive, drôle et touchante, elle emporte tout sur son passage. Et nous avec, évidemment.