30 ans au service du cinéma français et pas une ride. C’est ce qu’évoquent la jeunesse et le dynamisme du spectacle proposé par Benoît Jacquot. Armé de trois acteurs de choix, Benoit Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni, le réalisateur nous entraine dans un tourbillon où sentiments et violence s’entrechoquent plongée au cœur d’un mélodrame puissant.



Dans une ville de province au nom inconnu, Marc (Benoit Poelvoorde) fait la rencontre de Sylvie (Charlotte Gainsbourg) alors qu’il a raté son train pour retourner à Paris. Ils marchent, parlent, se sourient et passent la nuit à errer dans cette ville fantôme. Marc reprend le train, donnant à Sylvie un rendez-vous au jardin des Tuileries quelques jours après. Les deux ne se connaissent toujours pas, ni par le nom, ni par le prénom. Sylvie ira à ce rendez-vous, malheureusement marc ne pourra s’y rendre, malgré tous ses efforts. Il la cherchera et trouvera une autre femme, Sophie (Chiara Mastroianni), sans se douter qu’elle est la sœur de Sylvie.

Le film ne se décompose pas en trois parties. Il n’y a pas de commencement, puis une action et un retournement. Non. Benoit Jacquot amène le spectateur à se douter de tout des les débuts des premières séquences. Ce ne sont pas les actions qui l’intéresse mais la façon dont les personnages vont être amenés à traiter ces situations, et les dommages que cela va causer. Dans la douceur d’une nuit de province, Marc rencontre Sylvie. Tout deux discutent, de tout et de rien, mais surtout pas d’eux. Ils en ont marre, ils marchent sans jamais s’arrêter et passent dans des rues vides et désertes. Ce sont deux fantômes qui errent, sans but. Et finalement si, celui de se revoir. Tout ne se passe pas comme voulut, et ce n’est alors pas une histoire d’amour qui se dessine, mais une histoire de passion, de déchirure et de déchainement. Benoit Jacquot attache des chaines aux trois personnages et les laissent se tourner autour, se mentir et se haïr en silence dans la petite ville qui se fait petit à petit arène. Dans un silence radical se montent des jeux de regards impressionnants qui recréent une histoire à eux seuls. Des âmes perdues qui tentent de se trouver mais qui se retrouvent bloqués par leur corps. Dans ce film on ne dit moi, mais on ressent beaucoup.



Benoit Jacquot magnifie le tout par la lenteur des séquences, chaque plan à son intérêt, il est le corps du précédent et l’âme du suivant. Tout s’ouvre, se poursuit et s’achève sur des longs travellings plus ou moins rapides selon l’émotion se joignant ainsi au portait de chaque acteurs ou chaque rictus est capté. A cela arrive le thème musical, qui nous perd et nous entraine dans les méandres de chaque être humains présents dans l’image. Qui sont-ils ? Qui sont vraiment les fantômes ? Cet homme et ces deux femmes qui se mentent, communiquent en silence ? Ou cette agitation humaine qui juge, bourdonne et bouillonne autour d’eux ? Il y a dans la douceur de chaque plan une émotion qui vient éclater au visage ultra expressif de chaque personnage.

la suite de la critique sur le site du cinéma du ghetto :
Charlouille
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films français de 2014

Créée

le 21 sept. 2014

Critique lue 363 fois

Charlouille .

Écrit par

Critique lue 363 fois

D'autres avis sur 3 cœurs

3 cœurs
adamkesher01
3

Vérité nulle

Tout ce que la bande-annonce de "3 Cœurs" laissait présager de mauvais y est. Un récit formaté et bâclé à la fois, des acteurs enfermés dans des rôles extrêmement redondants et une mise en scène...

le 20 sept. 2014

22 j'aime

11

3 cœurs
Velvetman
3

On s'ennuie la nuit en province

Manger sainement, ne pas trop fumer et vous aurez le remède miracle pour ne pas rater votre vie et ne pas connaitre des désillusions qui vous hanteront jusqu’à la fin de votre vie car un infarctus...

le 2 oct. 2014

12 j'aime

4

3 cœurs
pierreAfeu
8

La femme d'à côté

Avec 3 cœurs, Benoît Jacquot signe une sorte d'acte de foi. Il faut en effet croire au cinéma pour réaliser tel mélo, drame bourgeois hors du temps et en équilibre qui ne tient que par les...

le 28 août 2014

12 j'aime

1

Du même critique

Quelques jours de la vie d'Oblomov
Charlouille
9

Critique de Quelques jours de la vie d'Oblomov par Charlouille .

« Jamais dans ma vie n’a brûlé aucun feu, salutaire ou destructeur. Elle n’a jamais ressemblé à une matinée que le soleil levant colore petit à petit, puis embrase, et qui enfin devient jour, comme...

le 27 avr. 2016

6 j'aime

Mort un dimanche de pluie
Charlouille
7

Critique de Mort un dimanche de pluie par Charlouille .

En France, beaucoup de styles marquants ont déferlé, innové, conquit le monde. Le genre qui va suivre n’a lui, pas conquit le monde, ni même les français. Un tableau froid, un combat de classe, mais...

le 9 déc. 2015

6 j'aime

1

Koyaanisqatsi
Charlouille
10

Critique de Koyaanisqatsi par Charlouille .

On reste littéralement cloué! Comme le générique de fin nous l'indique, Koyaanisqatsi, en langage Hopi, veut dire vie aliénée, tumultueuse, déséquilibrée, une existence exigeant un autre mode de vie...

le 15 janv. 2013

6 j'aime

2