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3 from Hell
5.3
3 from Hell

Film de Rob Zombie (2019)

C'est toujours triste d'assister à la chute d'un cinéaste dont on aime tant les premiers films. Et la chute de Rob Zombie est particulièrement violente avec 3 From Hell.


Remarqué dès son premier film intitulé La Maison des Mille Morts, sorte de pot pourri complètement déjanté du cinéma d'horreur des 70's et 80's, Rob Zombie est un cinéaste dont chaque film était un véritable régal pour tout cinéphile un peu déviant. Son aspect grande gueule envoyant chier toute forme de bien-pensance au profit d'un propos intelligent sur la nature même de l'homme, nous renvoyant en plein visage notre propre hypocrisie le propulsais immédiatement comme l'un des réalisateurs les plus fascinant des années 2000. Et cette démarche fascinante était apparue dès son deuxième film: le monumental The Devil's Rejects. Véritable leçon de scénario et de mise en scène, et incarnation type de ce qu'est une suite intelligente, ce deuxième opus donna à Rob Zombie une image d'un réalisateur comme il en existe presque plus, sorte d'héritier spirituel d'un Carpenter, d'un Fuller ou même d'un Peckinpah. Et même si la suite de la carrière cinématographique de Zombie s'est avérée plus inégale que ce qu'il avait pu laisser présager, enchaînant les projets complexe et casse gueule sur lesquels il a laissé des dents, on avait eu jusqu'au bout un cinéaste integre artistiquement, assumant ses envies sans forcément chercher à conforter ses fans. Mais il faut croire que le manque de reconnaissance a fini par avoir raison de son talent, et après un 31 accueilli froidement et défendu uniquement par quelques fans (dont je fais parti), celui-ci fini par annoncer la mise en chantier d'un nouvel opus de ce qui s'avère être désormais une trilogie sur la famille Firefly. Et même si la fin du précédent opus laissait bien comprendre qu'il n'y aurait pas vraiment de suite possible à ce film, il faut bien reconnaître que le projet intriguait tout autant qu'il provoquait une sacrée excitation, Rob Zombie ayant prouvé par le passé qu'il n'était pas du genre à faire une suite dans l'unique but de refaire ce qui faisait la réussite du précédent opus (avec Devil's Reject et Halloween 2).


Hélas, Zombie à de toute évidence cédé à la facilité. Le scénario faisant suite directe au deuxième film, la justification amenant à la survie des protagoniste est absolument ridicule et incohérente. Il ne s'agit là que d'un prétexte pour amener à nouveau les trois membres de cette famille et justifier qu'ils soient là pendant la totalité du film. Il est d'autant plus surprenant qu'à l'annonce du projet, on imaginait déjà Zombie partir complètement dans le fantastique façon Lords Of Salem, et je me plaisait à imaginer assister à une scène de résurrection des protagonistes. Et j'imaginais qu'il assumerait cet aspect comme manière de se démarquer radicalement du film précédent comme celui-ci prenait le contre-pied total du film auquel il servait officiellement de suite. Sauf qu'ici, cela ne sera pas le cas, et l'intention du film s'avère être très claire dès les 20 premières minutes: tenter de refaire ce pour quoi il avait été aimé auparavant au mépris de toute logique narrative. Ainsi, Zombie à écrit un scénario qui s'avère être un décalque de Devil's Reject dans les grosses lignes. Sauf qu'il y a un point qui est impossible à reproduire de par la nature même du projet: recréer l'évolution émotionnelle du spectateur et l'attachement qu'il finissait par éprouver envers cette famille de cinglé. Car si le précedent avait pour logique de déstabiliser le spectateur en gommant tout repère moral pour le laisser s'attacher progressivement aux personnages et créer un empathie pour eux, le fait de les montrer à nouveau comme des agresseurs produit sur le spectateur une impression de retour en arrière, sorte de résiliation de tout ce qui avait été mis en place précédemment de manière particulièrement puissante. En soit, cela pourrait être intéressant, si le film ne passait pas son temps à nous rappeler que le film précédent existait. Et la grossièreté du traitement référentiel n'aidant en rien à créer un intérêt pour le récit, Zombie se plante majistralement et aucun attachement ne se fait, aucune émotion ne se crée. On assiste donc indifférent à une succession de scènes semblant avoir été placées dans le désordre, à la violence extrême mais jamais choquante, tandis que les personnages sombrent dans la caricature de ce qu'ils ont été: Baby était folle, elle devient surtout stupide dans cet opus. Otis était calme et ne laissait exploser sa rage que par instant, celui-ci devient juste un excité jamais terrifiant. Et Richard Brake servant à remplacer le personnage de Captain Spaulding, on ne croit jamais au fait qu'il est de la même famille que les autres.


Triste fin pour cette trilogie, et triste faux pas pour Zombie. Et quand on voit que même lors qu'arrive le générique de fin, celui ci reprend le style et les plans du précédent opus, on comprend qu'on vient d'assister à un film complètement vain, illogique et incohérent...
Il faut juste espérer que Zombie ne s'arrêtera pas là dessus. Car lorsque l'on pense à tous les pièges qu'il avait su éviter auparavant avec ses suites et remakes casses gueules effectués de main de maître, rendant jouissif ses côtés les plus régressif et puissant ses thématiques, ça l'a foutrait mal de conclure sur un film représentant l'exact opposé de ce qu'il avait défendu pendant pas loin de 20 années...

Plisskendune

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