Une belle distribution
Aamir Khan incarne le décalé Ranchoddas Shamaldas Chanchad (dit Rancho, heureusement) en même temps que l'énigmatique Phunsukh Wangdu.
Madhavan (Farhan Qureshi) et Sharman Joshi (Raju Rastogi) campent de manière convaincante les deux amis, deux personnages en retrait.
Coté bluette, la merveilleuse Kareena Kapoor est Pia, fille du directeur et étudiante en médecine, volontaire, entreprenante et désarmante.
Boman Irani introduit un côté burlesque - appuyé comme souvent - digne héritage de toute une tradition du cinéma indien qui oscille entre le burlesque et la farce. Il incarne l'intransigeant directeur Viru Sahastrabudhhe, surnommé Virus.
Une histoire simple
Trois anciens étudiants d’une école d’ingénieur élitiste partent à la recherche d’un des leurs, égrenant les souvenirs - bons et mauvais - de leurs années d’études, et l’inspiration qu’a été pour eux Rancho, cet ami charismatique et peu conventionnel.
Le film s'ouvre sur une introduction pleine d'un humour allègre, et se poursuit dans une alternance de couleur et de noir et blanc, de réalisme et de dessins animés, pendant plus de 2h30, pour notre plus grand plaisir.
Esprit critique et énergie constructive
Sur un registre comique, le film décrit et dénonce un système éducatif fondé sur une stérile compétition, sans réflexion véritable, menée dans un état de stress et d'exigence sans objet. Dans cette école d'élite, on ne respecte pas les tempéraments ni les appétences des étudiants inscrits, quelquefois contre leur gré, par leurs familles. En filigrane, sont évoqués des sujets multiples : harcèlement, y compris entre étudiants, injustice sociale par la présence d'adolescents qui sont au service d'étudiants de milieu plus aisé...
Le film questionne à la fois la transmission du savoir qui se fait dans cette école, tout autant que le savoir qu'on a choisi de transmettre.
Pressions familiales
C'est une triste vérité que les suicides sont nombreux dans les universités indiennes, et c’est cela que le film parvient à aborder, tout en s'attachant à un humour de potache souvent hilarant. Cet équilibre réussi en fait un bijou du cinéma de Bollywood, festif comme le sont les meilleures comédies musicales, et grave au fond comme un film de Satyajit Ray. Et le public ne s’y est pas trompé.
Les étudiants sont confrontés à l'autorité incarnée par le directeur, tout autant qu'aux pressions familiales et sociales.
Un contrepoint : Chatur Ramalingam
Face à ces trois étudiants unis et joyeux, le personnage de Chatur Ramalingam fait figure de caricature. L'acteur américain Omi Vaidya force le trait, pour un personnage dont l'essence est déjà schématique : absence de sens critique, ambition mal placée, goût immodéré de l'argent...
En scène centrale du film, le discours truqué que fait Chatur manque de piquant et on passe à côté des jeux lexicaux. Mais on se doute bien du sabotage qui a été pratiqué.
Des hommes nus (ou presque)
De nombreuses scènes de potache apportent une bouffée d'air frais dans l'ambiance de Bollywood, qui est guindée par le tabou de la nudité ou de l'évocation du sexe. On y voit les personnages aux toilettes (vus d'en haut, et en chanson), on s'y déshabille en slip pour le rituel du bizutage.
On assiste même à une rarissime et épique scène d'accouchement (sur une table de ping-pong), décidément à ne pas rater. Une autre mention rapide : la présence de magazines pornographiques sur le campus.
Cinq chansons à fredonner
Avec la souplesse de la voix de Sonu Nigam notamment ...
- All izz well
- Zoobi dombi
- Behti hawa sa tha woh
- Give me some sunshine
- Jaane nain denge tujhe