La fête de Yuma
Un western qui louche du côté du film noir (Kalian, avoue que ça t'excite mon cochon). On y retrouve l'atmosphère tendue des films policiers : noir et blanc efficace, sueur sur les corps, guerre...
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le 15 mai 2011
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Tout d’abord je veux préciser que le film se voit avec intérêt, a peu de temps morts et occupe le haut du panier de la filmographie de Delmer Daves. Les acteurs sont bons et le scénario renferme tout ce qu’on peut attendre d’un bon western : attaque de diligence, héros courageux (Van Heflin) et adversaire à sa hauteur (Glenn Ford), compagnons lâches, suspense soutenu par le lent écoulement des minutes avant le départ du train fatidique.
Le thème du film est, comme souvent, la responsabilité du citoyen face à la violence doublé d’une réflexion sur l’héroïsme.
Mais la fin gâche tout. On aurait pu s’attendre à un duel final au ralenti avec l’un des deux adversaires qui mort la poussière et regarde le ciel. Ou à la victoire finale soit des bandits à dix contre un , soit à celle du fermier et de la justice grâce à la loi du revolver. Mais le scénario veut à tout prix une fin moralisatrice et sombre en l’espace de quelques secondes dans la mièvrerie et la totale invraisemblance. « "De toute façon, il me sera facile de m’évader de la prison de Yuma" dit benoîtement le bandit à la fin. « Ce ne sera plus mon problème », répond angéliquement le fermier.
Comment imaginer qu’un bandit se jette de lui-même dans le train en partance pour le pénitencier alors que c’est une corde qui l’attend à l’arrivée, selon toute probabilité ? Alors même qu’en ne faisant rien il était sauvé par sa bande ? A l’époque rappelons que la justice du Far West faisait des procès plutôt expéditifs et ne relâchait pas un criminel pour bonne conduite comme ça se fait aujourd’hui, surtout qu’en l’occurrence il s’agit d’un chef de bande coupable de l’assassinat d’un conducteur de diligence. Qu’est-ce qui a conduit le scénariste Elmore Léonard pourtant auteur de nombreux romans à succès à une telle mièvrerie? Je pencherai pour la trop grande influence des télévangélistes le dimanche matin et à l’abus de leurs discours répétés sur la rédemption (associée aux vertus du business). Pour preuve tous ces travellings verticaux, ascendants surtout, qui partent d’un gros plan pour monter et nous offrir des plans d’ensemble, comme si la justice de Dieu éclairait la moindre action humaine. Pour preuve encore
à la toute dernière image, pour sceller la victoire du Bien sur le Mal la pluie se met à tomber...
Plutôt qu’à un western psychologique nous avons affaire ici à un western évangéliste, ce qui, à ma connaissance, est relativement rare dans le genre confiné du western.
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le 1 juin 2019
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