Des mensonges et des chiens. Et beaucoup de vodka.
Emprunté au hasard dans mon vidéoclub. Ah, je précise que la jaquette du DVD que j'ai emprunté ne représente pas DU TOUT un sein en gros plan. Jaquette qui dit «cross Peter Greenaway with Dostoevsky». Pour Dostoïevski je ne suis pas d'accord, pour Greenaway, si. Et aussi Grandrieux meilleure période (genre _La vie nouvelle_, vous voyez ?). Et Dumont de _Flandres_. Avec beaucoup beaucoup de chiens comme fil conducteur.
Non mais partez pas ! Ça commence comme un Tarantino !
Trois inconnus, deux hommes et une femme, se rencontrent dans un bar. Ils boivent et fument et causent. Ils coisent et il buvent et ils faument, beaucoup, et ils mentent génialement sur leur profession respective. C'est superbe.
Ensuite on suit, très peu, le devenir des deux hommes, mais de façon complètement anecdotique. Il y a un passage fantaisiste sur des cochons ronds, qu'on finit par visualiser, gonflés comme des baudruches. On sourit. On aurait dû en profiter plus.
Parce que la quasi totalité du film est consacré à la jeune femme, Marina. Elle retourne dans son village pour l'enterrement d'une de ses trois sœurs. Elle met beaucoup de temps à retourner à son village pour l'enterrement d'une de ses trois sœurs. Je pourrais invoquer Tarr pour les longs plans séquence de son périple, mais ce ne serait pas gentil pour Tarr, parce que là c'est super chiant. Ce qui est un moindre mal en face de ce qui reste à voir.
Dans ce village crasseux et où il n'y a jamais moins de vingt centimètres de boue vivent, outre les deux sœurs de Marina, un jeune homme et une trentaine de vieilles aux trognes de sorcière. Vous vous souvenez des contes de votre enfance avec sorcières édentées au nez qui se rapproche du menton ? Et ben là on les voit. Tous sont saouls du soir au soir, à la vodka faite maison.
Pour qu'on comprenne bien leur degré permanent d'éthylisme, la caméra se met à alterner les flous et les nets (avec une tentative tout à fait trouble, mais mon avis c'est que la vodka avait dégouliné sur la caméra et que le cadreur ne s'en était pas rendu compte. D'ailleurs je pense qu'il n'y avait pas de cadreur), en même temps qu'elle se met à faire de très très gros plans sur trognes, en biais, en vrac, au hasard. Tout ça caméra à l'épaule et vodka à la paille pour te rendre malade. Et une fois qu'on a bien cadré (façon de parler) ce microcosme, là, là ça dégénère inexorablement : les vieilles femmes ont pour fonction de — vous êtes prêts ? — de mastiquer de la mie de pain pour en faire une bouillie qui servira à faire les visages de poupées. Oui, oui, on les voit faire. Et on voit aussi les horribles poupées, dont le reste du corps est en tissu, anatomiquement correct s'il-vous-plaît. Ce qu'on les voit bien faire aussi c'est baffrer à plein doigts de la couenne de cochon (merveilleux sur une eau de vie frelatée), longuement. Et, totalement ivres, se soupeser les seins les unes des autres pendant qu'on leur jette du vin sur la poitrine.
Je sais, à ce stade, vous demandez une capture d'écran.
Non, en fait vous ne voulez pas vraiment.
Arrivé en fin de visionnage (faible, la fin : Marina fait brûler toutes les poupées, visages compris, sur la tombe de sa sœur), on cherche à analyser ce qu'on n'a pas compris dans ce film sordide et brut.
Il est là le problème. On voulait un film, pas un documentaire à la Striptease.