Chaque nouvelle production du désormais célèbre, acclamé, mythifié, Judd Apatow constitue un petit événement dans le monde relativement peu ouvert des amateurs de comédies, mais pas n'importe lesquelles, les comédies dont on attend un peu plus que de rigoler comme des ânes bâtés le temps du film, pour aussitôt après oublier jusqu'à son titre et reprendre, comme si rien n'était, le cours de sa vie.

La réputation du bougre s'est forgée à partir du triptyque 40 ans toujours puceau, En cloque mode d'emploi et Supergrave (même s'il ne l'a pas réalisé), un cycle filmique qui tournait une page dans les productions drôles, proposant un vrai fond au delà des gags, une histoire, des personnages, des émotions. La griffe Apatow, c'était celle d'un humour différent, alternant le crado et le subtil, mélangeant les genres, évoquant bromances et amours, questions de société et blagues de juifs, sujets sérieux et querelles plus légères.

Ses films cassaient les codes existants. La comédie s'allongeait pour dépasser les deux heures (s'approchant même des trois, pour Funny people), et ne s'embarrassait plus d'aucune des règles pré-établies en la matière.

Si on ajoute à ces ingrédients des castings auxquels on ne s'attend pas, avec des types des filles moins caricaturaux que ce qu'on pouvait voir avant et auxquels on peut et on a envie de s'identifier, on obtient une mixture super intéressante, originale, touchante.

L'inconvénient de 40 ans mode d'emploi, suite spirituelle d'En cloque mode d'emploi, dont il reprend un des couples, personnages secondaires d'une épopée hilarante, entourés d'autre acteurs du même film incarnant d'autres rôles, c'est qu'on a l'impression dure comme fer qu'Apatow n'a plus grand chose dans sa besace en dehors des événements de sa vie personnelle, et comme acteurs, ceux de son entourage proche (femme et enfants).
Si certaines scènes parviennent malgré tout à faire (un peu) rire, les crises insupportables de héros chiants et stupides, l'humour juif auto centré, les querelles de familles dingos, et les schémas familiaux dont les ressorts comiques sont usés jusqu'à la corde ne fonctionnent plus, n’enivrent plus. La psychanalyse à laquelle se livre le réalisateur n'intéresse personne. Tout sonne faux dans cet épisode pour riches en manque de problèmes et pas suffisamment intelligents pour les résoudre sans hystérie.

Toutes les qualités des précédents opus ont fini par rendre l'âme. Le couple central, névrosé jusqu'à l'os, est accompagné d'un taux de dégénérés rarement observé en dehors de la Vendée, les intrigues, molles, ne trouvent aucun écho chez le spectateur qui, en plus de somnoler, a bien l'impression qu'on le prend pour un con.

This is forty (titre original) est un film poussif, classique, pénible par moments, long, trop long et pas drôle. Il serait temps de faire évoluer la formule, sous peine de la tuer sous un tas de ratés, où le casting à moitié bancal ne parvient pas à rattraper les manquements d'un script trop flemmard et égotique.

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le 11 mai 2013

Modifiée

le 11 mai 2013

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hillson

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