47 façons de piétiner une légende
Bon clairement je ne m'attendais pas à un chef d'oeuvre. Quand dans le preview tu vois un samouraï hybride, une sorcière qui vole, une bête magique et un démon, tu te dis que ça va être un beau bordel. Et ben c'est pire que ça. D'abord, le scénario tient sur une gommette. Le coup du seigneur à l'honneur bafoué, car son rival a été manipulé par une sorcière (qui peut se changer en renard, véridique), merci mais non. Après l'élément perturbateur nous avons droit à une ellipse d'un an réalisée d'une façon si brutale que c'en est scandaleux, et puis le film reprend son court tranquillement. Les deux personnages principaux qui auraient dû être brisés aussi bien physiquement que mentalement boivent un coup de saké, changent d'habits, et c'est reparti comme en 40. S'ensuit un passage chez les démons (pour récupérer des sabres, sans blague) qui est incroyablement court, mais vu la façon dont c'est traité ça parait même trop long. Une fois armés jusqu'aux dents les héros (à présent 47 donc) partent en mission. Ils tombent dans une embuscade ridicule où un personnage secondaire perd la vie, sans qu'on ne sache trop ce que ça vient faire là. Puis, surmotivée, notre brave troupe part à l'assaut de la place forte ennemie pour le combat final. En gros, c'est inintéressant au possible.
À côté de ça, pour rester poli, je dirais que les acteurs ne sont pas convaincants du tout. Déjà les Japonais qui parlent anglais (accent à couper au katana pour certain)... Je sais que les options sont limitées, mais ça fait toujours sourire. Keanu Reeves n'a pas eu besoin de se séparer de sa seule expression faciale de tout le film (toute sa filmographie ?). La sorcière cabotine comme ce n'est pas permis, et on dirait que la jeune femme amoureuse du héros ne sait pas pourquoi elle est là, et on la comprend.
Les effets fantastiques sont vus et revus : la sorcière enveloppée dans sa tunique qui tournoient dans les airs et passe sous la porte, les démons qui se déplacent tellement vite que ça fait des rubans de lumières, la bête monstrueuse qui se fait éventrer dans sa course... Rien à sauver de ce côté-là.
Les paysages sont plutôt jolis mais les séquences les montrant ne durent pas plus de 3 secondes chacun, ce qui vous en conviendrez est assez peu pour prendre la mesure.
Seule la fin n'est pas (complètement) prévisible, et les producteurs nous ont au moins épargné un happy end dégoulinant de niaiserie, ce qui aurait été le bolduc enlaçant le cadeau empoisonné.
Le résultat final a quand même bien l'allure du film qui aurait pu être évité, et c'est quand même dommage de bousiller une telle légende. Alors je mets 2, mais je ne sais pas pourquoi en fait. Les costumes valent peut-être un point, mais des professionnels du genre pourraient possiblement me contredire là-dessus. Bref, à ne pas voir, même si c'est le dernier film à l'affiche que vous n'ayez pas encore vu. Et en parlant d'affiche, je cherche encore pourquoi le deuxième personnage le plus mis en valeur dessus est un mec qu'on ne voit pas plus de 47 secondes...