Porn addict meets princess
Don Jon est plus ou moins un ovni. En visionnant la bande annonce, je me doutais bien que le film allait être construit grâce à des scènes qui se répètent. Bien vu l'artiste. Mais pourquoi pas après tout ? J'étais assez intéressé par l'idée. D'autant plus que le sujet est quand même assez original. Ce jeune homme (incarné par Joseph Gordon-Levitt) mène une vie plutôt ordonnée, entre la salle de sport, le nettoyage de son appartement, les soirées, les filles, les confessions à l'église, et donc le porno. Que ceux qui adulent les films décousus ne prennent même pas la peine de penser à voir ce film. Vous aurez dix fois la même scène au confessionnal, vous verrez dix fois Jon passer dans le même couloir de sa salle de sport, vous aurez droit de nombreuses fois à la même scène de repas avec ses parents (avec exactement le même cadrage), et je ne parle même pas des moments "j'allume mon ordinateur" avec le petit son qui va bien... Et c'est en fait pour ça que j'ai aimé le film. J'ai esquissé un sourire à chaque fois qu'il a allumé l'ordinateur (j'ai même ri grassement les deux première fois), et je me suis régalé devant les dialogues à table avec son père. Bon, sur la fin, on sent qu'il est temps de s'arrêter tout de même avec ce procédé et ces redondances pour ne pas aller jusqu'à l'overdose, et c'est heureusement bien tourné avec de légères différences dans ce qui se produit aux endroits habituels. Et en parlant de la fin, je n'aurai qu'un adjectif : inattendue. Je ne spoilerai rien, mais il me faut tout de même dire que je ne l'ai pas vu arriver. Non pas que ce soit un incroyable retournement de situation, mais au vu de l'évolution de l'histoire, le spectateur s'attend clairement à quelque chose de différent. Peut-être pas un message profond sur l'existence, mais au moins avec un peu plus de rapport au sujet, à savoir le porno. Le porno est censé être le fil conducteur, mais il passe vraiment à la trappe sur la fin. En y réfléchissant, c'est peut-être un autre élément qui me fait apprécier le film : le fait que le personnage ne résolve pas totalement son "problème" grâce à un déclic ; que tout ne devienne pas subitement lumineux dans sa tête. On y a un peu droit sur la toute dernière scène, mais il semblerait qu'au contraire Jon ne pige pas vraiment comment et pourquoi il en est là, et peut-être même qu'il s'en fiche.
Petit point négatif cependant : le personnage incarnée par Scarlett Johansson, qui est finalement assez peu exploité. Jon tombe amoureux d'elle dès le départ et elle nous est d'abord présentée comme une femme quasi-parfaite. Magnifique, drôle, et elle ne semble pas être un frein concernant son quotidien. On va apprendre qu'elle est en fait fouineuse et avec un côté "princesse" anormalement développé, mais ça nous tombe sur le coin de la tronche sans trop qu'on ne comprenne vraiment ses réactions.
Au final Don Jon est un film assez rafraichissant dans la forme, mais dont le fond me parait vraiment flou, avec un dénouement étonnant. Intéressant tout de même à voir, ne serait-ce que pour sa construction, ainsi que pour le jeu de Gordon-Levitt. En parlant de construction, ma critique n'en a visiblement aucune, et je m'en excuse platement.