Keanu Reeves est un acteur que j'aime énormément. Déjà parce qu'il est cool, aussi parce qu'il est classe, surtout parce qu'il est cool. Alors quand j'ai appris qu'il allait tourner dans la légende des 47 rõnin, fallait bien que je saute de joie et que j'aille tabasser des clones en costard avec mon imper bien noir. J'me suis pris une raclée, et vous savez pourquoi? Parce qu'il y a quelque chose qui m'a déconcentré pendant que j'effectuais mes prises de kung-fu longuement apprises devant Matrix, pendant que j'étais gosse. J'ai vu que ce serait une adaptation américaine.
Là, mon coeur a eu un raté, tellement que je pense être un sacré looser, niveau chance cinématographique. L'industrie américaine devait-elle vraiment ruiner cette légende, surtout avec un tel potentiel? Keanu Reeves dans son film, Keanu Reeves qui fait ses cascades, Keanu Reeves qui joue un rõnin, c'était quelque chose.
Question : la catastrophe est-elle si saisissante que cela?
Oui et non.
Oui, parce qu'il est évident que le film déconne par de nombreux aspects. Sa mise en scène est fade et sans personnalité, cela même si tu comprends rapidement qu'elle veut tenter des choses. Seul petit bémol, c'est le premier (et seul) film de Carl Erik Rinsch qui, s'il n'avait guère de talent de base, manquait aussi d'expérience et de connaissance de la profession. Difficile de réussir un film qui demande tant de savoir faire et d'invention.
Oui, du fait de son écriture qui part en biberine et ne sait plus trop ce qu'elle doit faire une fois les 47 samouraïs devenus rõnin, partant dans un plagiat de tout ce qui a pu être fait en ce qui concerne les blockbusters : de Pirates des Caraïbes (la scène avec les bateaux) au Seigneur des Anneaux, le film rassemble tout ce qu'il a déjà vu auparavant et réuni le tout dans un conglomérat de détails perturbants et manquant cruellement d'imagination.
Ne trouvant jamais ses repères dans un genre des blockbusters difficile d'accès pour connaître un véritable succès, 47 rõnin souffre également d'une écriture qui ne se souvient jamais de ce qu'elle a pu amener aux scènes précédentes, et ne tente jamais de tirer profit de tout le potentiel qui pouvait découler de son histoire (ou si elle tente de le faire, c'est sacrément foiré).
Multipliant les incohérences et les contre-sens, les personnages stéréotypés et les passages plein de lieux communs, de ce genre de courage que l'on ne trouve qu'au cinéma et qui sonne éminemment faux, 47 rõnin ne peut être caractérisé que d'une seule manière : comme un divertissement banal et sans âme, qui possède de sympathiques moments trop rares pour en faire un vrai bon film.
Au final, on tombe sur un film en demi-teinte, qui tente clairement des choses mais ne va jamais jusqu'au bout de ses pensées, qui essaie d'apporter au genre mais n'est clairement pas suffisamment abouti pour y parvenir comme il se devrait. Banal et bancal, le résultat final pourra passer pour un bon divertissement si l'on ne se concentre pas trop sur ses défauts importants. Et puis, y'a Keanu Reeves qui se bat comme un dieu, avec la classe de mille démons. Rien que pour ça, il mérite qu'on y jette un oeil.