49ème Parallèle par Alligator
Bon, il est vrai qu'on ne pouvait que difficilement s'attendre à grand chose d'un film de propagande. Pourtant d'un scénario de Pressburger il est tout aussi difficile de ne pas nourrir quelque amer goût de déception.
Le film ne vaut que pour son usage, oh quasiment!
Il y a ici et là quelques jolis plans, notamment des démonstrations de maîtrise du cadre dans la nature par Powell.
Il y a évidemment cette mémorable scène des deux discours, d'abord celui de Portman qui fait froid dans le dos, et puis cette réponse de Walbrook, incisive, lourde de conséquence, de cet authentique exilé allemand à Denham. Une scène émouvante.
Autre douceur, mais plus inattendue pour ma part, c'est le personnage joué par McGinnis, le nazi charmé par la quiétude champêtre du camp de Hutterites et qui se laisse aller à rêver de revenir plus tard. Ce comédien joue merveilleusement ce terrible combat intérieur qu'ont dû livrer les allemands pendant cette période, entre deux gestes, l'appartenance au parti nazi et sa terrible et périlleuse réfutation.
Sinon la structure du scénario à la dix petits nègres n'est finalement jolie que sur le papier. Et la portée politique du film pèse beaucoup trop sur sa "potabilité"... un goût de vase au final. Ce poids se manifeste souvent dans les discours et les actes des personnages. Le personnage interprêté par Leslie Howard par exemple, d'abord très agréable et sympathique pendant à la rusticité du nazi Portman, il finit par devenir un grotesque cartoon à l'héroïsme irréel. Son inconscience se drape dans un courage factice. Le film déraille.
On ne retrouve que beaucoup trop peu l'espèce de jovialité propre aux personnages de Powell&Pressburger, avec la prestation étonnament drôle de Lawrence Oliver ou celle plus rude de Raymond Massey. Bref, un film de propagande et par définition approximatif.