La seconde guerre mondiale : Un combat naval au milieu des Icebergs du grand Nord, une échappée rocambolesque en hydravion, un groupe de rescapés allemands trouvant tour à tour refuge auprès de 2 hommes des bois hors du temps, d’une petite communauté chrétienne perdue dans l’immensité d’un continent, d’un intellectuel misanthrope se ressourçant sous un tipi géant noyé en plein milieu des Appalaches…Un kaléidoscope d’humanité d’une fraicheur inattendue tisse la trame d’un récit qui évolue au gré de l’imagination débridée des géniaux Powell et Pressbruger.La fragmentation des situations, leur surprenante hétérogénéité, les subtils dérivatifs du banal film de propagande - Laurence Oliver meurt au bout de 30 mn, -Leslie Howard apparait dans les 20 dernières- directement inspirée par l’économie des moyens et la primauté de l’action des sérials américains des années 30, s’hybride à merveille avec l’humilité des leçons d’humanité frémissante d’un Franck Capra.Les personnages sont ici tout fait d’incarnation brute, servis par la sécheresse des faits, l’absence de tout romantisme et cette gravité pessimiste à peine sauvée par le happy end final. Objets, maisons, portes, meubles, routes, fenêtres s’effacent devant la truculence de Laurence Olivier, la ferveur bouleversante de la jeune fille huttérite, l’humanité renaissante du boulanger allemand.Les morts meurent en silence, sans pathos, à peine morts et déjà noyé dans l’oubli de leur disparition, très éloigné de la grâce sulpicienne que leur rendra par la suite un Robert Bresson , cousin germain de l’exposition évidente de la simplicité des faits.Morts en un clin d’oeil, mort pour rien, mais mort pour la vie, morts pour la démocratie