...s'est fini au fond d'un bois.
Sous l'impulsion d'un Churchill qui a très bien compris l'influence du cinéma sur des populations en guerre, "49e parallèle" représente ce que le cinéma étatique à vocation de propagande a pu faire de mieux.
Ayant achevé sa longue série de "quickies", Michael Powell décide de travailler de manière permanente avec son scénariste et bientôt ami Emeric Pressburger (ils ont collaboré avant ce "49e parallèle" sur "l'espion noir" et "espionne à bord").
A la suite de la grande réussite de ce film, la société de production des "Archers" verra le jour, et produira les chefs d'œuvres que l'on sait.
Effort de guerre, moral des populations, le scénario de 49e parallèle respecte le cahier des charges tout en se montrant parfaitement original et absolument passionnant: comment un groupe de rescapés nazis (6 au départ), perdu sur une côte canadienne vont tenter de survivre et rentrer au pays. Au fil des disparitions successives de ces derniers (soit par entêtement, erreur, vanité, rancœur), c'est un portrait en creux du monde encore libre qui fait face à la tyrannie fasciste qui est exposé, doublé d'un plaidoyer flamboyant pour la population canadienne.
Derrière cette forme de road movie atypique se cache aussi une volonté de montrer au peuple nord-américain le vrai visage du danger et la nécessité de s'engager dans ce conflit que Pearl Harbor n'a pas encore transformé.
L'équipe du film s'est envolé au canada et a réalisé la quasi-intégralité des plans en extérieur, ce qui ajoute beaucoup au charme du film.
Plusieurs moments forts (les différentes rencontres faites par les méchants teutons) ponctuent le film, de la communauté hippie allemande (j'exagère un poil, c'est mon côté méridional) avant l'heure, jusqu'au quasi déserteur canadien qui retrouve soudain de fortes valeurs démocratiques et patriotiques face à l'adversité.
Je retiendrais pour ma part ce superbe face-à-face entre les allemands aux abois et un esthète fortuné, (joué par Leslie Howard, ok ok Torp, je m'incline) péchant et campant au bord d'un lac.
Le moment est très beau et se conclue par cette déclaration magnifique: "un nazi entrainé et armé contre un démocrate dégénéré et décadent à mains nues. Je lui ai laissé toutes ses chances..." dans la bouche du démocrate, bien sûr.
Un mot, pour conclure, sur le coffret DVD qui présenta ce film et les 3 autres Powell/Pressburger (avec les chaussons rouges, Le narcisse noir et Colonel Blimp): comme tout ceux présentés par Bertrand Tavernier, c'est un un bijou inestimable. Si vous avez l'occasion de mettre la main dessus, c'est plus qu'une nécessité que d'en faire l'acquisition. Un devoir moral et esthétique.