Le titre français est bien trompeur.
(500) jours ensemble ne raconte pas l'histoire d'une histoire de 500 jours. Il raconte une histoire prématurément morte et 500 jours pour évacuer, se débarrasser mentalement de cet amour qui ronge et déprime.
500 days of Summer, le titre original, sous sa forme de jeu de mot, est déjà bien plus pertinent : 500 jours à vivre avec Summer, avec elle physiquement, avec elle comme collègue, avec elle comme amie, avec elle comme source de souffrance, et finalement avec elle comme souvenir.


En prenant cet angle en biais, Marc Webb réalise une comédie romantique originale qui déjoue le scénario classique et balisé du genre, et prend des chemins de traverse.
En construisant son film comme un flashback géant allant dans tous les sens, la fin au début, le début au milieu, avec une lisibilité surprenante, le film donne une vraie incarnation à une histoire ample, la bâtissant avec autant de scènes cruciales que de petits moments de vie dans lesquels tout un chacun se retrouvera aisément. S'il semble parfois être son propre résumé (le film se retourne sur lui-même et parvient même à se répéter, dommage pour un film d'1h30 à peine), il donne une matière douce et riche pour donner à son spectateur le véritable sentiment d'une histoire qui se construit et se démolit.
En prenant pour personnage central de l'histoire l'homme du couple (Joseph Gordon-Levitt, touchant et bonhomme), il renverse les codes habituels et machistes du genre, notamment dans une scène programmatique, alcoolisée, où le personnage de l'étonnante Zooey Deschanel, Summer, donne d'emblée les clefs de lecture de l'histoire à venir, et donc du film, en énonçant que l'amour ça n'existe pas, qu'elle ne veut pas se fixer, construire quelque chose puisque que les relations c'est souvent plus de problèmes qu'autre chose.


Dans un traitement ultra arty et pop, avec références musicales, littéraires, graphiques, cinématographiques à la pelle (la construction mentale de héros qui, ado, ne jurait que par la pop anglaise de Joy Division, New Order et des Smiths, et par une mauvaise lecture du Lauréat de Mike Nichols est hilarante), une inventivité visuelle de tout moment (jusqu'à parfois trop vouloir en faire), (500) jours ensemble se détache, du moins en partie (demeurent les éternels copains en second plan, caution humoristique du film, le rebond final en happy-end, ...), des poncifs du genre et propose sa propre lecture en diagonale, en négatif, d'une histoire de couple, qui n'est somme toute, lorsqu'elle a une fin, que la lecture de sa rupture.


D'où une délicieuse scène d'adieu, comme supspendue dans le temps, avec une Summer fantomatique, comme déjà plus qu'un souvenir, où tout se résout sans s'expliquer.

Créée

le 26 nov. 2020

Critique lue 116 fois

Charles Dubois

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