Troisième long-métrage du très hétéroclite Jonathan Levine, déjà auteur du désastreux film d'horreur All the Boys Love Mandy Lane et de la comédie mitigée Wackness, qui signe ici une comédie dramatique déchirante racontant la vie d'un jeune cancéreux et ses nouveaux rapports avec les siens. Interprété par l'excellent Joseph Gordon-Levitt, décidément à l'aise dans n'importe quel rôle, notre attachant héros à la base timide et réservé va réapprendre à vivre aux côtés de son queutard de meilleur ami, de ses excentriques parents, d'une jeune thérapeute inexpérimentée et de deux vieux patients malicieux...
Nous découvrons à travers le film le quotidien difficile et mélodramatique d'un jeune homme lambda qui tombe brutalement dans un monde de constante compassion, de maladresses multiples et même de lâcheté, où il va finalement découvrir qui tient réellement à lui malgré sa nouvelle condition de malade, chose qu'il réfute au jour le jour. Trompé par sa petite amie (Bryce Dallas Howard, hélas remplaçable), soutenu maladroitement par un ami déjanté qui fait tout pour lui remonter le moral (Seth Rogen, jovial au possible), surprotégé par une mère dépassée par les évènements (Anjelica Huston) qui a elle même du mal à gérer son mari souffrant d'Alzheimer (Serge Houde, discret mais bluffant), et aidé psychologiquement par une jolie thérapeute dont c'est à peine le troisième patient (la brillante Anna Kendrick), Adam va regarder le monde qui l'entoure autrement.
Mis en scène sagement, sans esbroufe ni réels gags, 50/50 a hélas bénéficié d'une promo mensongère, le long-métrage n'étant en rien un buddy-movie "hilarant" mais bel et bien une comédie dramatique poignante filmée avec légèreté où Levine ne tombe jamais dans la mièvrerie sentimentaliste grâce à des situations bénignes, des dialogues succulents discrètement peuplés de références cinématographiques ou issues de la pop-culture ainsi qu'une palette de personnages sympathiquement détaillés. L'atmosphère du film est donc apaisante, le réalisateur américain prenant le soin de ne nous livrer ni une comédie potache ni un drame larmoyant mais tranche entre les deux, faisant de 50/50 une comédie dramatique traitant d'une manière bien particulière d'un sujet grave, portée par la solide interprétation d'un Joseph Gordon-Levitt tout simplement impressionnant. Une magnifique œuvre comme on aimerait en voir plus souvent.