Naples,1972.Peppino Lo Cicero,tueur retraité de la mafia locale,a transmis le flambeau à son fils,devenu lui aussi exécuteur pour le compte de la Camorra.Mais le jeune homme part accomplir un contrat et c'est lui qui se fait étaler,au grand désespoir de papa.Ce dernier se lance alors dans une sanglante vendetta en compagnie de son vieil ami Toto et de son ex maîtresse Rita.Il s'agit du premier film réalisé par l'auteur de BD Igor Tuveri,dit Igort,dont il signe également le scénario,adapté d'une de ses bandes dessinées,et la direction artistique.Bien secondé par son chef opérateur Nicolaj Brüel,rien à voir avec Patrick,le cinéaste débutant signe un superbe manifeste visuel.Le travail sur les décors,les lumières et les couleurs est subjuguant,chaque plan étant une oeuvre picturale.Clairs-obscurs,teintes saturées ou désaturées,touches de sépia à la limite du noir et blanc créent de magnifiques images qui emballent brillamment des mouvements d'appareils extrêmement précis et frappants.Plongées,contre-plongées et silhouettes profilées se découpant puissamment dans l'espace créent une ambiance immersive au sein d'une reconstitution d'époque bluffante.Les ruelles en pente napolitaines des seventies revivent avec leurs dédales,leurs bâtiments délabrés,sous la pluie nocturne ou le grand soleil diurne.Rien n'est laissé au hasard pour recréer cette atmosphère incertaine entre criminalité débridée et religion omniprésente,qu'il s'agisse des vêtements,des coiffures,des voitures,des enseignes ou des publicités.D'un vieux cinéma diffusant un kung-fu hong-kongais d'exploitation à un gunfight sur un toit en terrasse où trônent les lettres de Campari,on suit la croisade meurtrière de ce vieux flingueur en colère.L'histoire puise ses sources dans le ciné rital d'autrefois et s'aventure jusqu'aux confins du giallo et du poliziottesco,en y ajoutant un traitement modernisé hérité du néo-polar à la Tarantino.La musique de D-Ross et Star-T-Uffo est parfaite et s'accorde idéalement aux ruptures de ton du scénario,l'ensemble rappelant une autre BD devenue un film picturalement étonnant,le "Sin City" de Frank Miller.Cependant le script,même s'il est couronné d'un joli twist final,présente une narration trop lente et surtout il est truffé d'incohérences et d'invraisemblances criardes,préférant sacrifier le vérisme au profit d'une théâtralité peu convaincante flirtant avec le fantastique.Le casting est fameux et aligne au côté des stars Toni Servillo et Valeria Golino une troupe d'acteurs peu connus et tous excellents aux gueules prodigieuses.