Flux continu
Alors que le Munich de Spielberg s’attachait à décrypter les enjeux politiques et diplomatiques de l’enlèvement de 10 athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972, 305 septembre3 lui oppose un...
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Alors que le Munich de Spielberg s’attachait à décrypter les enjeux politiques et diplomatiques de l’enlèvement de 10 athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972, 305 septembre3 lui oppose un point de vue plus médiatique en plongeant au cœur des studios Abc qui ont couvert l’événement en direct durant ces 2 journées, définissant avant l’heure certains enjeux géopolitiques de l’après-guerre froide et questionnant la place des médias et plus particulièrement de la télévision dans l’approche des événements historiques.
Contrairement à ceux de 1936 entrevus par le prisme de flashes d’actualités en noir et blanc diffusés alors dans les cinémas, qui révélèrent la sinistre menace nazi , les Jo de 1972 s’ouvrent à nouveau en Allemagne (en RFA), en Bavière? mais sont placés sous le sceau symbolique de la fraternité retrouvée entre les peuples. Les images sont devenues celles de la télévision en couleur, l’euphorie des trente glorieuses à peine gâtée par la guerre froide est toujours palpable et Munich placé donc en tête de gondole de cette nouvelle Europe. Ainsi se déclinent les premières images joyeuses de « 5 septembre », volées dans les coulisses du studio berlinois d’ABC (The American channel), que le récit ne quittera, plus se développant dans un climat de plus tendu à mesure que la prise d’otages d’abord rumeur, prend corps dans l’esprit des journalistes présents.
Incrédules d’abord, puis s’interrogeant sur la manière de traiter les faits, de mettre des mots sur ce qui se joue au village olympique à quelques centaines de mètres de là, et de nommer les preneurs d’otages : ce sont des terroristes. Peu à peu, une mécanique redoutable se met en place, celle de la course à l’information, huit cent millions de téléspectateurs potentiels, une dramaturgie historique, chaque journaliste est tout à la fois hébété par les faits et mû par l’opportunité unique de vivre son moment de gloire personnelle.
« 5 Septembre » joue sur tous les ressorts habituels du thriller : événements enchainés, plans courts et serrés. La tragédie, anxiogène, se nourrit du feu de deux foyers : l’issue de la prise d’otages, et le sort des athlètes vue au travers des écrans de contrôle d’un côté, et la quête de l’information, la mise en œuvre de tous les moyens possible pour aller toujours au plus près de l’action de l’autre. Arc narratif qui emprunte parfois les codes du film d’aventures, lorsqu’il s’agit par exemple de déguiser un reporter en athlète pour tenter d’entrer au village olympique.
Pourtant, et c’est probablement son principal tour de force, le métrage ne néglige jamais les interrogations esquissées en arrière- plan, mais devenues centrales au fil de l’avancée du récit : les événements de septembre 1972 font basculer le journalisme dans une autre dimension, soulevant inévitablement des questions d’ordre déontologique et plus encore moral.
L’information relayée désormais en direct et en flux continu par l’image, à l’échelle planétaire, est toujours un marqueur historique capital, mais se posent désormais des questions liées à une approche nouvelle de l’urgence, de la course à l’exclusivité sans prise de recul, résumées ici dans un dialogue sibyllin « peut-on filmer la mort comme une course de 100 mètres » ? Bref ,de la naissance du terrorisme dans sa forme actuelle à la naissance de la logorrhée des chaines d’information, la prise d’otages de 1972 porte en elle les gênes de certaines problématiques actuelles parfaitement rendu par ce court manifeste qu’est « 5 Septembre »
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