Sorti dans la vague du film à rebours, initiée par excellent Memento, Ozon propose une idée qui semblait plutôt bonne : une histoire d'amour montée à l'envers, qui commence par le divorce et se termine par la rencontre. Mais là, c'est franchement sans intérêt.
De l'histoire de Marion et de Gilles, Ozon n'a gardé que 5 séquences. Leur point commun : elles sont toutes glauques, un inventaire de moments sombres de la vie d'un couple. Dès la première séquence, une scène de viol vient annoncer la couleur: noire. La vie de couple par le filtre Ozon, c'est un ensemble de rancoeurs, de déceptions, de non-dits. Public romantique et fleur-bleue s'abstenir.
La peinture de caractère ne dépasse pas de loin les clichés, donc Gilles est un salaud tendance violent, et Marion une gentille fille faible tendance facile. Passionnant.
Des personnages pas bien profonds, des scènes glauques. Et pourquoi cette construction à l'envers ? Normalement, cela permet d'éclairer rétrospectivement le film par le début de l'histoire. Ici, non. Aucune explication dans les dernières scènes ne vient éclairer avec surprise les évènements du début (à savoir, le divorce). Dès la première séquence on a cerné les 2 personnages. Autrement dit, cette construction ne sert à rien.
Sinon c'est plutôt bien joué, comme toujours chez Ozon. Valeria Bruni-Tedeschi est bien meilleure quand elle joue la tristesse que quand elle joue la joie (qui fait ressortir son air de nunuche à baffer). Stephen Freiss est bien, ainsi que tous les second rôles - dont plusieurs semblent sensiblement plus intéressants que les héros. D'ailleurs, comment peut-on plaquer la charmante et intelligente Géraldine Pailhas pour la nunuche Valeria Bruni-Tedeschi ?
On ne sera libéré de ce ratage que par un fondu au noir très prévisible.
PS : à votre avis, c'est fait exprès que Gilles mange frénétiquement une entrecôte saignante pendant que sa femme est opérée par césarienne ?