Steamboy, à toute vapeur ! Un film gonflé ! Une mécanique bien huilée ! Im-pression-nant !
Il y a 3 générations d'inventeurs dans la famille Steam. Tandis que le père et le grand-père font des recherches à travers la monde, financés par une fondation américaine (dont l'héritière s'appelle Scarlett o'Hara, si, si), le jeune Ray travaille comme mécano dans une usine textile à Manchester. Jusqu'à ce que son grand-père débarque et lui confie une invention mystérieuse ; dès lors, tout un tas de factions vont poursuivre Ray pour s'en emparer. Ce dernier va devoir remettre en question sa vision de la science et des motivations des adultes, et se rendre compte que les réponses sont vraiment complexes.
J'ai appris récemment avec surprise que des gens pourtant intelligents et cultivés ignoraient ce qu'était le SteamPunk. Alors, si c'est votre cas, je vous rassure, ce paragraphe est fait pour vous :
Le SteamPunk est un sous-genre de la science-fiction, inventé par ceux qui aiment inventer des noms à la con et mettre les romans dans des cases, soit parce qu'ils fument du hachick, soit parce qu'ils bossent dans le Marketing d'une maison d'édition. Dans ce cas précis, le SteamPunk rassemble des romans récents qui se passent dans un XIXième siècle décalé, autour de la révolution industrielle, de la société Victorienne, et surtout des machines à vapeur qui, dans l'esprit de l'époque, allaient permettre toutes les merveilles sans limites. Dans le SteamPunk, c'est bien le cas, et on y rencontre des avions à vapeur, ordinateurs à vapeurs, robots à vapeurs... vous ne le savez peut-être pas, mais vous en avez déjà lu ou vu : La ligue des Gentlemen Extraordinaires, le Château dans le ciel, les Mystères de l'ouest...
Il convient enfin de préciser que les auteurs de SteamPunk passent leur temps à faire des références et des hommages aux 3 Grands Anciens Inspirateurs : Jules Verne, HG Wells, et Conan Doyle.
Fin du passage encyclopédique.
C'est donc dans l'Angleterre du milieu du XIXième que nous emmène Otomo, qui a toujours aimé dessiner de superbes les grands décors urbains (comme dans Akira et Metropolis) : ici il est à la hauteur de sa réputation. Outre l'urbanisme, Otomo a rempli son film machines à vapeur alimentant des mécaniques complexes et superbes, quelles soient réelles (l'usine de tissage) ou imaginaires. Là encore, c'est superbe, et l'animation est parfaite.
L'histoire démarre de manière assez classique, on a l'impression d'un certain manichéisme dans les protagonistes, certains qui ont l'air méchants et d'autres gentils... sauf qu'assez vite, ce manichéisme disparaît pour des motivations plus réalistes et complexes, tout comme la vision du jeune héros change. Avec le parcours initiatique de l'adolescent qui perd ses illusions et sur le monde et ses parents et doit faire des vrais choix. Au début, les adultes sont pour lui des modèles simples à suivre ; à la fin, il s'individualise et fait ses propres choix. Classique, mais fait avec autrement plus de subtilité et de complexité qu'un Disney.
Le SteamPunk, c'est le XIXième revu avec les préoccupations de la fin du XXième: un cadre parfait pour Otomo et sa vision très japonaise de la science, à la fois porteuse des plus grands espoirs et de la destruction la plus atroce.
Mais le rythme trépidant du film est entretenu par des scènes d'actions, époustouflantes, pleines de trouvailles et de rebondissements. Avec ses décors superbes et son animation très riche et d'une fluidité remarquable on est tenu en haleine au cours des climax successifs du film.
Que dire de plus ? Que Steamboy est moins dur et violent qu'Akira ; moins mystique et psychologique, également. D'un autre côté il est plus abouti, plus cohérent. On sent tout le travail (10ans) qu'il y a derrière chacun de ces plans magnifiques, riches, détaillés, l'animation fluide, les expressions des personnages Que ce soit au niveau de la technique, du scénario, du rythme, ce film est une vraie réussite.