Quand François Ozon n'escroque pas son monde en tournant deux fois le même film (le superbe Sous le sable et le pâle Swimming pool), il tente des expériences originales quoique souvent ratées : le théâtre de boulevard de Huit femmes qui ne vaut que pour sa distribution ou la provocation gratuite de Sitcom. Sans parler de Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, loin de l'original de Fassbinder. Alors, quand Ozon multiplie cinq par deux, que vaut le total ?
Pour ce film, François Ozon se penche sur un couple, hétérosexuel et donc un peu caricatural. De la rencontre à la rupture, en passant par la grossesse et les disputes. Le couple hétérosexuel vu par un homosexuel. Avec les risques que cela comporte.
Le procédé, similaire à celui d'Irréversible consiste à monter le film de façon "a-chronologique", en commençant par la fin. Mais là où le film de Noé s'étendait sur une période de quelques heures, celui d'Ozon passe en revue quelques années. Toute la force du procédé se trouve anéantie. Quand l'urgence de Noé rendait le film imparable, violent mais bouleversant, la langueur d'Ozon anéantit à la fois l'analyse et l'émotion.
Le dommage est là : les cinq séquences, vécues par les deux héros du film (d'où le titre) sont chacune des courts métrages touchants et intéressants. Mais réunies en un seul film, elles s'annulent. Quand en plus, le film accumule les clichés bourgeois, de ceux qu'Ozon apprécie particulièrement, le sort des personnages devient vite inintéressant.
Il reste alors une distribution impeccable (magnifique retenue de Stéphane Freiss, trop rare présence de Géraldine Pailhas) pour passer l'heure et demi à calculer cette délicate opération : 5x2. Et de constater que le résultat n'atteint pas la moyenne. Mais deux, comme la somme de ces personnages perdus.