Le film s'ouvre sur un jugement de divorce énoncé froidement en présence du couple. Les deux époux se donnent ensuite une dernière chance sous la forme d'une étreinte désespérée et vaine dans une chambre d'hôtel.
Ces deux séquences consacrent la fin de l'amour entre Marion et Gilles, en même temps qu'elles sont le préambule d'un drame sentimental que François Ozon film "à reculons". De la rupture définitive du couple à sa première rencontre pleine de promesses, le réalisateur évoque en cinq étapes une histoire d'amour ordinaire; ordinaire jusque dans son échec. Et ce procédé de mise en scène qui remonte le temps offre une perspective plus sombre encore du désamour puisque'on sait déjà éphémères les périodes de bonheur entre Gilles et Marion. Chacun des moments intermédiaires de leur vie commune et amoureuse
(mariage, naissance de l'enfant, soirée qui pose la question de la fidélité)
porte les germes indicibles de la rupture.
François Ozon n'est pas cynique ou désenchanté. Son film relève de l'exercice de style et non pas d'une théorie pessimiste sur le couple. C'est une histoire conjugale courante, en définitive, mais dense et sensuelle, vaguement inquiétante suivant des regards et des mots sibyllins. Valeria Bruni Tedeschi et Stéphane Freiss sont excellents.