Bourgeois saisis par la débauche.Après sept ans de mariage,Alain,médecin,et Audrey,employée de banque,forment un couple lessivé par la routine.Madame s'en accommode fort bien,mais Monsieur voudrait bien tirer sa crampe et tient le coup en reluquant des vidéos pornos et en lorgnant toutes les gonzesses qui passent.Sur les conseils d'un ami sexologue,il entreprend de dévergonder sa femme.Didier Bourdon,réalisateur,scénariste et acteur principal,travaille ici avec des collaborateurs qu'il retrouvera ensuite sur "Vive la vie" et "Madame Irma",deux films d'Yves Fajnberg tournés en 2005 et 2006,notamment le chef-op Pascal Caubère,dont la photo est déjà médiocre,sombre et déprimante,ainsi que les comédiens Claire Nadeau et Jacques Herlin,vus dans "Madame Irma",et Frédéric Van Den Driessche et Isabelle Petit-Jacques,présents dans "Vive la vie".Bourdon explore donc les désillusions de l'usure du couple et les manières de relancer une sexualité défaillante,sur le mode de la comédie.Mais l'humour n'est dans l'ensemble pas très drôle et on ne voit pas très bien où l'auteur veut en venir tant l'oeuvre brasse de thèmes dont aucun n'est traité en profondeur,si on peut se permettre cette expression en un tel contexte,une profondeur dont sont également dépourvus des personnages réduits à des symboles usés.Tel quel,le film ressemble à un catalogue de perversions très classiques,qui eussent été de nature à choquer le bourgeois des années 30 mais qui sont devenues très banales aujourd'hui.De fait,tout y passe.Son mari traîne la coincée Audrey dans tous les lieux de "perdition" bien connus,de sex-shops en boîtes échangistes,avec un petit détour par le Bois de Boulogne.La prude épouse finit par y prendre goût et se prête à toutes les expériences,vibromasseurs,boules de geishas,épilation intime,tenues sado-maso,lingerie suggestive,triolisme et plus si affinités,au point qu'Alain,qui ne sait pas ce qu'il veut,en arrive à estimer que tout ça va trop loin.Le réalisateur aligne les lieux communs sans apporter de réponses ou de point de vue par rapport,encore un jeu de mots,aux problèmes posés."Passez votre amour à la machine,faites bouillir,pour voir si les couleurs d'origine peuvent revenir" chante Alain Souchon,qu'on n'entend pas ici mais dont le "La vie ne vaut rien" bercera la bande -son de "Vive la vie".Eh oui,au bout de quelques années,la fougue des débuts s'évanouit dans les limbes,c'est la vie,c'est comme ça,c'est humain,et il est très compliqué d'y remédier,même avec des artifices érotiques,surtout quand on vit dans un appartement exigu avec une gamine curieuse de savoir ce que fabriquent ses parents.Le script part ainsi dans diverses directions sans trop s'y attarder.On évoque ironiquement les cordonniers mal chaussés à travers la figure du sexologue prodigue de conseils mais dont la vie sexuelle est un naufrage,on joue un peu avec l'image des homos incapables d'avoir une vie privée stable,et on dénonce l'hypocrisie générale via des personnages tous plus ou moins obsédés par le radada qui s'efforcent de paraître moralement irréprochables tout en ayant des comportements privés beaucoup moins immaculés,par-derrière bien sûr,voire carrément déviants.Ces sujets ne manquent pas d'intérêt,mais le film les exploite trop superficiellement.Certaines vannes fonctionnent cependant,Bourdon étant quand même un as de la spécialité,mais pas suffisamment souvent pour dépouiller le spectateur.D'autre part,si le sexe est omniprésent dans les dialogues,il est largement absent de l'image,car on est dans une comédie grand public,et on voit mal la pudibonde Catherine Frot accepter de se laisser filmer en plein ramonage.Il est à noter que Bourdon initie dans une scène le gag du type qui reste coincé dans sa partenaire lors d'un coït,qu'il réutilisera de manière plus longue,si on peut dire,dans "Vive la vie".Didier l'acteur est excellent comme toujours,et Catherine est la comédienne idéale pour incarner la bourgeoise coinços.Jacques Weber fait le job avec sa classe coutumière,et la petite Gabrielle Lopes Benites est très marrante et pleine d'aplomb.De sympathiques seconds rôles apparaissent ici ou là,tels Olivier Pajot ou l'ancien humoriste Patrick Zard.