L'an dernier, j'avais attribué avec un enthousiasme non dissimulé un joli 10 au second volet de "Sherlock Holmes".
Cette année encore, la folie m'a frappée, et je réitère mon excès de générosité en mettant la note (presque) maximale à "Seven Psychopaths", dont j'attendais fébrilement la sortie depuis le mois d'août dernier !
J'ai personnellement vécu ce film comme un cadeau, un petit moment de félicité : un festival d'acteurs, un feu d'artifice de répliques cultes, un cocktail d'humour absurde et farfelu, une touche de gore juste comme il faut, un soupçon d'émotions, de belles histoires d'amitié (quoiqu'un peu étranges...), des paysages magnifiques, un procédé de mise en abyme parfaitement exploité, une galerie de personnages délicieusement déglingués, une bonne dose de folie, et des situations génialement bêtes, bref, un mélange détonnant, un accord parfait qui donne un film simplement magnifique, éblouissant, que dis-je, merveilleux.
Déjà, quand on voit, dans un même casting, réunis des acteurs aussi énormes que Sam Rockwell, Colin Farrell, Woody Harrelson et Christopher Walken, on dit oui. Quand en plus on aperçoit au détour d'une scène Michael Pitt ou encore un Vietnamien taré, le doute n'est plus permis : "Seven Psychopaths" est un must-see dans lequel chacun des comédiens est magnifiquement lâché, employé à la perfection pour servir un rôle qui lui ressemble. De la caricature sur mesure. De la haute couture.
Deuxièmement, l'écriture est au coeur du long métrage, de la première à la dernière seconde. Un film dans un film dont le procédé de mise en abyme est signalé d'entrée de jeu par le personnage de Marty, interprété par Colin Farrell, avatar fictionnel du réalisateur/scénariste. Le film s'écrit sous nos yeux, les personnages s'en emparent, le changent, en dénoncent les travers face caméra. Le cinéaste filme son auto-critique avec un recul et une distance second degré tout simplement magiques.
Par ailleurs, la mécanique de production et les clichés du cinéma estampillé Hollywood sont mis à mal dans "Seven Psychopaths", qui se moque ouvertement des standards du genre : personnages féminins réduits au rang de potiches, final sanglant, tuerie, fusillade, road movie dans le désert, tout y est. Le génie du film réside justement dans le fait qu'il donne l'illusion de respecter le cahier des charges sans cesser une seule seconde de s'en éloigner, pour au final se transformer en une sorte de pastiche hybride où se côtoient humour noir, comique de l'absurde, culture de la lose et dérision permanente.
Enfin, chaque réplique vaut son pesant d'or, chaque mot, chaque parole est à savourer avec délectation. Les dialogues, servis par des virtuoses, sont justes hilarants, à la fois complètement stupides et sidérants de génie. Là encore, répliques cultes en vues, scènes cultes en vue, bref, film culte en vue. Pour conclure, je dirai simplement à tout le monde d'aller voir cette petite merveille, ce bijou cinématographique qui a tout à nous offrir, depuis ses paysages jusqu'à ses acteurs en passant par son scénario et ses dialogues.