Grande surprise, mais 96 Heures est loin d'être aussi pataud que l'on aurait pu croire, vu la réputation que se traînait Schoendoerffer, l'affiche peu ragoûtante et le synopsis digne d'un mauvais PJ. La réussite du film est en grande partie tributaire de la prestation en face-à-face des deux acteurs, qui jouent ici sur du velours : Lanvin reprend son rôle burné de flic viril et monolithique qui balance des vannes plutôt bien senties à des méchants haut en couleur, et Arestrup brille une fois de plus dans une de ces partitions de manipulateur tantôt doucereux tantôt glaçant qu'il collectionne avec bonheur (les deux Audiard, A Perdre La Raison, et plus récemment Diplomatie, soit quatre bons films français de ces 10 dernières années, soit une gageure pour un acteur). A partir du moment où ce duel de gueules fonctionne à plein, le reste de 96 Heures peut tranquillement dérouler sa trame de polar un peu invraisemblable mais pas si mal ficelé, qui gagne en jouant la sobriété, en évitant la surcharge de péripéties, en soignant ses dialogues et en laissant un peu de lumière aux rôles féminins. Cette simplicité représente au fait un peu l'inverse d'un thriller boursouflé et en surchauffe comme Mea Culpa il y a peu : c'est ici le versant téléfilm (au sens le plus noble possible) du polar français, efficace, sans prétention et sans chichis, mené tambour battant. Avis aux amateurs : en toute modestie, ces 96 Heures passent en un coup de vent, rien de plus rien de moins.