Le livre m'avait plu autant qu'il m'avait énervé. Beigbeder écrit mal à mon sens. Il remplace son manque de talent d'écriture par une agressivité dans le ton perpétuelle. Une plongée dans l'univers de la pub sans doute juste puisqu'il en venait, mais agaçante.

Mais cette critique est censée porter sur le film. Alors.

Bon film. Jean Dujardin sait être un bon acteur. Il le prouve avec ce long métrage qu'il porte à bout de bras. Il arrive à être omniprésent à l'écran cumulé à sa narration en voix off sans donner une impression "d'overdose" de lui même. L'air de rien, c'est une petite performance à relever.

Utilisant avec justesse les effets spéciaux, qu'il maitrise parfaitement, Jan Kounen nous dépeint parfaitement l'univers de la pub. Tout est rutilant et clinquant, l'image semble constamment retouchée, la caméra bouge à l'excès jusqu'à nous donner le tournis (notamment lors du passage cartoon complètement psychédélique), puis nous offre des oasis de calme, pour ingérer les informations et passer à la suite. Bref, c'est une pub. Une pub grand format qui nous vend l'anti-pub.

Ce n'est ni plus ni moins que ça. Une pub contre la pub. Kounen nous offre un final réjouissant car faussement double, alors qu'il n'est bien qu'un : le réel et le fantasmé.

Je n'irai cependant pas jusqu'à dire qu'il fait réfléchir ou pousse à la révolte contre le "système". Il nous titille. Gentiment.

Oui nous sommes constamment exposés à la pub. Oui la pub nous façonne, créée le désir en nous, nous fruste, mode et démode. Mais bon, on est arrivé à une époque où la pub se redéfinit, étend son territoire. Tous ces constats, ils ont été dénoncés, ingérés par la masse. Les publicitaires aussi le savent. Ils jouent maintenant sur l'interaction, internet, le mobile, la page fan facebook, etc... En plus des affiches et des spots.

Bref, Beigbeder nous avait refilé des infos périmées (donc sans danger) dans son bouquin, le film étant une adaptation d'infos périmées, on n'est pas surpris des mécanismes qui sont justement décortiqués durant le film.

On peut aussi complètement oublier l'aspect "film sur la pub" et voir ce film comme l'histoire d'un mec paumé qui refuse de grandir et de s'engager avec sa Sophie. Ce film ne serait que la fin de son histoire, celle de sa descente aux enfers. Que ça se déroule dans l'univers de la pub n'est que prétexte, plus sexy que l'univers de l'élevage des poulets en batterie.

Ça marche aussi.

Ce film mérite en tout cas au moins un 7 pour 2 raisons.

1 : la double fin, qui n'en est pourtant qu'une.
2 : la pub starlight diffusée après la météo.

Et puis vraiment, en gros argument de vente imparable : Jean Dujardin sait être un bon acteur, il faut savoir profiter des films où il ne fait pas le service minimum.
Hypérion
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films critiqués notés 7 et Mardi cinéma [Liste Perso]

Créée

le 21 avr. 2011

Critique lue 4.8K fois

91 j'aime

14 commentaires

Hypérion

Écrit par

Critique lue 4.8K fois

91
14

D'autres avis sur 99 Francs

99 Francs
Aphex
9

Mensonge de publicitaire

Dès l'introduction, Octave, le héros, un « concepteur publicitaire », nous énonce ce leitmotiv qui correspond parfaitement à sa vision matérialiste de la vie : « tout est provisoire : l'amour, l'art,...

le 30 oct. 2013

34 j'aime

3

99 Francs
Toki
8

L'homme est un produit comme les autres...

... et Jan Kounen nous le montre bien. 99 Francs fait parti de ce genre de film qu'une partie de la population va adorer, aduler et regarder jusqu'à connaître la moindre réplique par cœur, quand...

Par

le 20 avr. 2011

29 j'aime

3

99 Francs
EcceLex
7

Soigner le mal par le mal (ou en tout cas essayer)

Avec 99 francs, il faut commencer par la fin et comprendre dès le début que tout cela n'est qu'une arnaque. Le film s'amuse à dénoncer la publicité tout en revêtant lui-même la forme d'une publicité...

le 26 juil. 2010

27 j'aime

9

Du même critique

Princesse Mononoké
Hypérion
10

Un Miyazaki terrestre et mélancolique

Princesse Mononoké est un film à part dans la carrière de Miyazaki, une étape autant qu'une sorte de testament de son art. C'est peut être ce qui en fait l'un de ces films les plus adulés parmi ses...

le 15 juin 2011

482 j'aime

81

Le Vent se lève
Hypérion
9

L'histoire d'un formidable égoïste

Le vent se lève, il faut tenter de vivre est définitivement un film à part dans la filmographie de Hayao Miyazaki, pour moult raisons que j'aurais bien du mal à évoquer de façon cohérente en un...

le 22 oct. 2013

426 j'aime

32

Kaamelott
Hypérion
9

Alexandre Astier, héros des temps télévisuels modernes

Alexandre Astier est remarquablement similaire à son personnage Arthur. Comme Arthur, il est responsable de tout (Roi du royaume / responsable scénario, musique, production, dialogues, direction,...

le 17 juil. 2011

368 j'aime

57