Mon premier rendez-vous avec le cinéma de F.J.Ossang et autant dire que ça m’a peu intéressé. La faute à un ensemble corseté à l’image de son noir et blanc trop lisse – Le film est pourtant tourné en pellicule argentique mais on croirait du numérique. La faute à son interprétation théâtrale et ce bavardage incessant, qui brisent sans cesse les bribes d’élans fulgurants hérités d’un film noir à la Aldrich. 9 doigts n’a jamais confiance en ses images, ses décors, sa nuit, son silence, son navire. La faute aussi à un trop-plein de références mal digérées, tant on y entrevoit du Lynch période Eraserhead, du Béla Tarr de L’homme de Londres, une volonté de réactiver les aplats de paysages d’un Paul Hutton. Un personnage s’appelle même Kurtz. Et tous portent de grandes lunettes rondes mais on songe moins à La jetée, de Marker qu’au Dernier combat, de Luc Besson. Bref c’est raté, daté, frelaté. Et un peu trop écrasant pour les épaules d’Ossang, qui livre un film sans vie, sans âme, complètement abscons et ennuyeux. Dans une veine pas si lointaine, tout aussi arty, je suis nettement plus sensible au cinéma d’un Bertrand Mandico : Un bateau et je pense illico à ce chef d’œuvre qu’est Les garçons sauvages.