Alien, ce monument de la science-fiction ! Ce film horrifique qui a laissé derrière lui un véritable héritage mythologique centré sur sa créature ainsi que sur la compagnie spatiale Weyland-Yutani, ses ambitions et ses androïdes ou encore sur les théories concernant les Space Jockeys ; un héritage qui s’est par la suite développé à travers plusieurs suites et prequels, des jeux-vidéos, quelques courts-métrages et divers comics. Je l’annonce d’entrée de jeu, cette critique concerne un chef-d’œuvre !


Attention, cette critique comporte de nombreux spoilers !


Alien, c’est tout d’abord la naissance d’un des plus grands monstres de l’historie du cinéma, le Xénomorphe ! La conception de celui-ci est le résultat d’une imagination débordante : on a dans un premier temps un œuf produisant une créature arachnide qui s’accroche au visage d’un ôte et lui injecte par voie orale un embryon dans le corps tout en l’alimentant en oxygène ; puis le « facehugger » meurt et le parasite à l’intérieur de la victime plongée dans le coma grandit jusqu’à ce qu’il s’extirpe de la cage thoracique de l’individu peu de temps après son réveil, le tuant dans d’atroces souffrance, d’où le nom de « chestbuster ». Enfin, l’extraterrestre mut et grandit en quelques heures. Tout comme le « facehugger », ce grand monstre sans yeux et de couleur noire bénéficie d’un liquide acide en guise de sang, parfait pour sa protection ; il possède également une langue faisant office de seconde mâchoire capable de perforer un crane, de quatre tube dorsaux, de griffes acérées, de dents aiguisées et d’une longue queue pointue. Dans le Director’s cut, nous découvrons qu’il est capable de créer lui-même un œuf en enfermant ses victimes dans des cocons crées avec de la matière organique. Si je m’attarde tant sur tout ces détails, c’est pour souligner le fait que Hans Ruedi Giger qui s’est inspiré du travail de Lovecraft pour créer la créature est vraiment un génie ! Ni le Predator, ni le monstre de The Thing, ni les Harvesters d’Independannce Day, ni le Blob, aucun autre extraterrestre hostile n’a été autant bien imaginé selon moi ! En fait, ils n’ont même pas simplement inventé une créature avec Alien, ils ont aussi imaginé un véritable début de mythologie autour de celle-ci rien qu’avec ce premier film ! Et en plus d’être unique, le Xénomorphe est terrifiant !


L’histoire du film est quand à elle plutôt simple au premier abord : un équipage ramène « involontairement » un organisme extraterrestre dans leur vaisseau ; le monstre va les traquer… Mais le scénario demeure au final intéressant car plutôt bien ficelé, notamment grâce à la manière dont l’alien va semer la terreur et les directions inattendues que va prendre l’histoire, par exemple l’intrigue assez originale sur l’androïde chargé de ramener l’organisme sur Terre. Il y a quelques points de mystère qui feront l’objet de suites et de prequels (les œufs, le Space Jockey et son vaisseau…) mais ce petit côté mystérieux reste assez appréciable finalement puisque ça rajoute du suspens. D’ailleurs du suspens, ce premier opus n’en manque pas étant donné que si on n’est ne connait pas du tout la saga, il est difficile d’anticiper le dénouement des différentes scènes d’action et d’horreur.


Ce long-métrage est certes un film de science-fiction mais c’est aussi un thriller et un film d’épouvante-horreur très efficace ! Il y a en effet une atmosphère très anxiogène dû à trois éléments ; tout d’abord au fait que le long-métrage soit un huis clos, cela donne naissance à un sentiment d’omniprésence de la créature et augmente la tension psychologique. Le second élément que j’ai déjà mentionné, c’est le suspens qui est présent du début à la fin (stressant de ne pas savoir ce qui va se passer). Enfin, la dernière chose qui produit cette ambiance, c’est caractère horrifique du long-métrage. Pour ce dernier point, on peut le dire, Alien est encore un film qui peut faire flipper aujourd’hui (du moins au premier visionnage) ! La scène du « chestbuster » est traumatisante, c’est gore et surprenant ! J’imagine les pauvres gens qui en 1979 ont dû se douter un minimum qu’il allait se passer quelque chose de grave mais surement pas ça ou du moins pas de manière aussi explicite. D’ailleurs, Alien joue sur deux tableaux, le film est parfois démonstratif, d’autres fois suggestif… c’est excellent car la plupart des films d’horreur se contentent soit de l’un, soit de l’autre (par exemple Massacre à la Tronçonneuse est très suggestif tandis qu’Evil Dead est totalement démonstratif) ; Ridley Scott jongle avec les deux procédés et chacun est utilisé au bon moment. Il faut noter que la scène où Dallas se fait capturer par le Xénomorphe, constitue l’un des premiers jumpscares de l’histoire du cinéma, et c’est bien plus efficace que ce que l’on voit aujourd’hui dans les films de fantômes. La bande originale composée par Jerry Goldsmithest ainsi que le mixage de sons, en plus d’être très bons (le Main Title et les bruits d’alarme par exemple) ont un rôle prépondérant dans l’instauration de l’atmosphère puisqu’ils rendent le film encore plus stressant ! Enfin, comme je l’ai déjà dit, la créature en elle-même fait peur, que ce soit de par son physique monstrueux, la violence de ses attaques ou le fait qu’on ait l’impression qu’elle est toujours là en train d’observer les personnages coincés au beau milieu de l’espace, prête à jaillir de nul part pour les zigouiller.


On remarque également que le film a parfois un petit côté malsain avec notamment certaines scènes qui peuvent faire penser à un viol. La plus évidente est celle où Lambert est pétrifiée de peur en se retrouvant face à l’alien qui passe sa longue queue le long de sa jambe suivis du plan où l’on découvre le cadavre du personnage apparemment suspendu, les jambes ensanglantées et dénudées. On voit également ça lorsque la créature au stade de « facehugger » : l’organisme s’accroche sur le visage d’un ôte et le féconde par la bouche en l’étranglant à la moindre résistance. Outre cette interprétation (ou sur-interprétation) qui divise les fans, on peut se demander si le long-métrage n’est pas aussi une critique de l’industrie de la science. En effet qui est véritable monstre : l’alien ou le conglomérat qui a envoyé les sept passagers du Nostromo à une mort certaine pour pouvoir détenir la créature, sans doute pour l’étudier et l’utiliser à des fins militaires ?


Concernant les effets spéciaux, c’est dingue car le film date quand même de 1979 et ils n’ont pas trop pris de rides ! En effet quand on voit par exemple la scène de la découverte du Space Jockey par rapport à celle de Prometheus dans laquelle l’ingénieur actionne son vaisseau, on ne dirait pas que les deux long-métrages de Ridley Scott ont 33 ans d’écart ! La maquette du Nostromo est assez réaliste et la direction artistique est excellente, qu’il s’agisse des décors du Nostromo, vaisseau plutôt industriel ou ceux du vaisseau extraterrestre sur la planète LV-426 (planète visuellement plutôt bien faite aussi)… bref, le film ne pouvait que remporter ces deux Oscars techniques ! Au niveau de la photographie, on retrouve des plans très intéressants, par exemple dans la première scène qui nous fait visiter l’intérieur du Nostromo jusqu’à la chambre d’hypersommeil, celle où l’on découvre l’ingénieur fossilisé ou encore celles en prise en prise vue subjectif lorsque Ripley tente de s’échapper du vaisseau. Au niveau de la luminosité, les flashs en guise d’alarme visuelle corroborés au mixage de sons simulant une alarme sonore, lorsque le vaisseau entre en processus de destruction donnent une véritable poussée d’adrénaline ! Le costume du Xénomorphe est quant à lui réaliste à l’expectation de la séquence où la créature est expulsée dans l’espace avec un harpon qui est à mes yeux un des rares moments qui a pris un coup de vieux. Il faut aussi saluer le boulot de celui qui a dû supporter ce gros costume, Bolaji Badejo.


Pour finir, je dirai que le casting d’Alien est super ! Sigourney Weaver est dans la peau du personnage de sa vie… au départ Ripley devait être jouée par un homme mais ça aurait été une terrible erreur puisque l’actrice est parfaite dans son rôle, très impliquée, personne n’aurait aussi bien collé à la peau du protagoniste ! Je ne vais pas faire de sous-partie consacrée à Ripley pour ce film puisque dans ce premier opus, elle n’est pas très développée, elle nous marque surtout par son fort tempérament et son instinct de survie. L’autre très bonne prestation du film, c’est celle Veronica Cartwright dont le personnage beaucoup plus faible émotionnellement que celui de Ripley est totalement terrorisé et dépassé par la situation, cette peur se voit grâce au travail de l’actrice. On se souviendra pour toujours de John Hurt simulant des convulsions lors de la fameuse scène du dîné. Ian Holm est quant à lui super dans le rôle de l’antagoniste, pareil pour Tom Skerritt dans celui du capitaine Dallas. Enfin, Yaphet Kotto est à fond dans son rôle lors des scènes d’action et Harry Dean Stanton ainsi que son personnage donnent au long-métrage quelques petits moments comiques. J’aimerais même citer le chat qui m’a bien fait stresser à plusieurs moments.


Je le dis sans hésiter : Alien, le huitième passager est de très loin mon film de science-fiction préféré, mon film d’horreur préféré et même l’un de mes films préférés ! Pourquoi ? Parce qu’avec Alien, on atteint un paroxysme : le plus haut degré de qualité que l’on peut attendre d’un film de science-fiction horrifique ! Alien est en effet un classique incontournable.


10/10 (voir ma critique sur mon blog)

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le 23 juin 2017

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MovieBuff

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