Effectivement, après deux films, le charme qui a pu faire le succès du concept a légèrement fini par tomber. Ce que l’on regarde dans American Nightmare 3 : Élections finalement c’est plus l’esthétique et la mise en scène de la conclusion d’une trilogie. Lorsque l’on sait que DeMonaco compte en faire le dernier volet de sa saga, que l’on fait attention au titre du film, concrètement on en connaît déjà la fin, et peu de suspense se profile en perspective. Et le film en lui-même offre plus ou moins le même schéma narratif que son prédécesseur sous la forme d’une traque à travers toute une ville, des soutiens anti-Purge faisant régulièrement surface.
- Premièrement, le film pousse beaucoup plus l’aspect visuel totalement déjanté et foldingue qu’adoptent les participants de la purge. En vrac, parmi la foultitude de masques ou de tenues sexy, ou encore cette voiture recouverte de guirlandes électriques, c’est dans un environnement particulièrement détraqué et débauché que se noue la chasse aux anticonformistes ou aux résistants.
- La folie (psychiatrique autant que sanguinaire) qu’engendre la Purge annuelle devient d’autant plus palpable. Les extraits de journaux télévisés parlent d’eux-mêmes : des étrangers de toutes nationalités se rendent en Amérique pour accomplir leurs pulsions meurtrières loin de leurs propres législations. C’est ainsi que se renverse l’American Dream suggéré à travers le titre français du film dans son aspect le plus brut : l’Amérique attire encore, mais dans une optique dépassant la légalité, et elle devient une terre sauvage. Ajoutons la fièvre s’emparant des Américains de souche, entre ces jeunes filles qui tueraient pour avoir leurs bonbons, et les politiciens eux-mêmes qui font du meurtre de leurs citoyens anti-Purge un sacrifice rituel (l’église dans laquelle se déroule la cérémonie n’est pas un choix de lieu anodin).
- DeMonaco se penche plus sur l’aspect politique de la Purge, comme le suggère la prééminence de la présence de politicien. Tout comme le fait que l’intrigue du film se concentre majoritairement sur la sénatrice Charlene Roan, candidate à la présidentielle dont le mandat s’appuie principalement sur la suppression de la Purge annuelle. C’est bien évidemment cette année, alors que son investiture est plus que certaine, que les Nouveaux Pères Fondateurs choisissent d’abolir l’immunité diplomatique dans le cadre de la Purge. Celle dans laquelle le film se déroule se transforme ainsi en lutte politique, à qui la gagnera. Seule contre tous, la sénatrice, protégée par Leo du film précédent, désormais repenti de son désir de vengeance, fait donc face à tout un système politique pour la « libération » de son pays.
On reproche à ce film bien sûr de ne rien offrir de marquant au niveau mise en scène, se cantonnant aux canons du thriller, et de représenter un microcosme de résistance très brouillon dans son concept par rapport à ce contre quoi il lutte. Mais ce combat ne sera pas vain, ou en partie, en témoigne une certaine fatalité dans le plan final, zoom sur une radio annonçant la reprise des violences dans la rue, alors que la Purge vient d’être abolie. Retour à l’état politique originel, mais à quel prix…