Pour peu qu’on soit un tantinet afficionado de Wallace & Gromit c’est toujours avec plaisir que l’on s’introduit dans une salle projetant le dernier des studios Aardman. En termes de créativité et de qualité d’animation on est proche d’un studio Laïka british, mais en pâte à modeler du plus bel effet, que les bande-annonces confirment encore et toujours.
Ça plus l’humour british, bien qu’un peu enfantin, donne un bel emballage au métrage. D’autant plus que le début du film est prometteur, en transcrivant la préhistoire du football, de sa découverte un peu involontaire à son exploitation mercantile et égérique, faite de joueurs narcissiques et de hausses prohibitives du prix de la place pour voir un match. La tribu de Doug, vivant dans l’ignorance de cette pratique sportive malgré son passé d'inventeuse de cette discipline, l’arbitrage truqué, l’opulence de l’instance footballistique, tout cela complète une métaphore non dissimulée de ce qu’est devenu cette discipline dans l’actualité, sacro-saint sport parmi tant d’autres dont l’Angleterre est fondatrice.
Si sur le fond la métaphore tient la route et ne se monte pas indigente d’acerbité, sur la forme le scénario quant à lui l’est. Alors qu’en regardant Cro-Man on s’attend à un film tout sauf attendu, Aardman nous en offre tout de même un. Et ce total manque d’ambition scénaristique gâche tout, car d’un studio qui pouvait jusque là se targuer d’une production atypique, on obtient un film typique, avec toutes les gimmicks et les ressorts scénaristiques que cela implique ; un défi, un groupe de protagonistes tâcherons qui s’améliore miraculeusement en un temps record, un moment de résignation puis un retournement de situation avant que lesdits protagonistes ne défassent miraculeusement les meilleurs, tout ça grâce à l'esprit d'équipe. Trop classique pour ne pas laisser sur sa faim, même malgré l’humour. Les enjeux de la folie des grandeurs sportive ne se haussent pas à la mesure de leur animation, et la magie s'en va incontinent !